Engelbert Wrobel

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ENGELBERT WROBEL’s Swing Society special guest Dan Barrett & Strings. 20 Years. Click EW 2009.

Wang Wang Blues – Blues for Ben – Pick Yourself Up – Estrellita – Long Live the King – Opus ¾ - Cachita – Take Me In Your Arms/And The Angels Swing – After You’ve Gone – Serenade in Blue – Tricotism – It Might As Well Be Spring – Way Down Yonder In New Orleans – Danny Boy. Durée : 1h.

Engelbert Wrobel (cl, ts, ss), Dan Barrett (tb, tp), Chris Hopkins (p), Rolf Marx (g), Ingmar Heller (b), Oliver Mewes (dm) + cordes

Habitué d’Ascona, Engelbert Wrobel a-t-il un jour été programmé en France ? Depuis vingt ans, il dirige l’orchestre Swing Society et tourne régulièrement en Allemagne et en Europe du Nord où il connaît une renommée justifiée en compagnie des mêmes musiciens depuis… quatorze ans. Brillant clarinettiste, disciple de Benny Goodman, c’est cet instrument qu’il privilégie à juste titre ici avec de très beaux moments ( Wang Wang Blues, Pick Youself Up, Opus ¾ en hommage non déguisé ). Au ténor, quoique d’un bon niveau, il est moins performant (Blues for Ben, Take Me In Your Arms) et au soprano sur Cachita, d’un intérêt limité, il ne saurait souffrir la comparaison avec nos meilleurs sopranistes. Cet enregistrement révèle aussi ses qualités d’arrangeur sur six titres et non des moindres avec des passages qui évoquent plaisamment la petite formation légendaire de John Kirby (Wang Wang Blues, Way Down Yonder In New Orleans).
La rythmique est exemplaire de swing et d’efficience, emmenée par le wilsonien Chris Hopkins dont le beau piano distille quelques vrais moments de bonheur.
On ne dira jamais assez l’importance de la guitare au sein d’une rythmique. Celle de Rolf Marx le démontre avec talent. Il est aussi un excellent soliste qui pourrait bien constituer une révélation pour nombre d’amateurs tant pour son phrasé que pour sa sonorité et ses idées. Dans It Might As Well Be Spring, en trio, seulement accompagné de la contrebasse et de la batterie, il joue avec une guitare acoustique. Un choix appréciable mais le morceau est longuet malgré le haut niveau technique des trois musiciens. On le préfère dans les autres morceaux, à la guitare électrique, dans la veine de Wess Montgomery.
Le contrebassiste Ingmar Heller, encore bien méconnu dans notre pays, est un sacré musicien ! L’hommage à Pettiford sur Tricotism est convaincant mais les solos mesurés qu’il prend ailleurs le sont tout autant. A l’accompagnement, l’osmose avec le batteur ravit l’auditeur…
Oliver Mewes est un accompagnateur hors pair. Sa pulsation productrice de swing « nourrit » les solistes et ses interventions en solo, ici souvent insérés dans les arrangements, régalent.
Le Swing Society aime inviter des solistes. Ce fut le cas avec le cornettiste Jon-Erik Kellso pour de nombreux concerts ainsi qu’avec Dan Barrett que l’on retrouve avec bonheur. Styliste remarquable, Dan Barrett est un tromboniste de premier plan au goût parfait. Sa sonorité est l’une des plus belles et son souple phrasé, sans jamais forcer, est exquis. Notons aussi une belle démonstration au « plunger » sur Blues For Ben. C’est aussi un cornettiste très fin (Way Down Yonder In New Orleans). Ce disque anniversaire permet aussi de découvrir ses talents d’arrangeur, notamment pour quatuor à cordes, sur trois titres (Estrellita, Serenade In Blue et Danny Boy). Comme on pouvait s’y attendre, ce n’est pas avec eux que l’on trouvera les meilleurs moments de swing. Une belle musicalité n’en reste pas moins présente.
L’amateur de jazz pur et dur prendra un réel plaisir à l’écoute d’un peu moins de la moitié des titres. Le mélomane se réjouira plus longuement. Mais, l’intérêt que représentera pour beaucoup d’amateurs français la découverte de certains musiciens devrait inciter à l’achat.

Dominique Burucoa