Engelbert Wrobel

Wang
Wang Blues – Blues for Ben – Pick
Yourself Up – Estrellita – Long Live the
King – Opus ¾ - Cachita – Take Me In Your
Arms/And The Angels Swing – After You’ve
Gone – Serenade in Blue – Tricotism
– It Might As Well Be Spring – Way Down
Yonder In New Orleans – Danny Boy.
Durée : 1h.
Engelbert Wrobel
(cl, ts, ss), Dan Barrett (tb, tp), Chris Hopkins
(p), Rolf Marx (g), Ingmar Heller (b), Oliver Mewes
(dm) + cordes
Habitué d’Ascona, Engelbert Wrobel a-t-il un
jour été programmé en France ? Depuis vingt ans,
il dirige l’orchestre Swing Society et tourne
régulièrement en Allemagne et en Europe du Nord où il
connaît une renommée justifiée en compagnie des mêmes
musiciens depuis… quatorze ans. Brillant
clarinettiste, disciple de Benny Goodman, c’est
cet instrument qu’il privilégie à juste titre
ici avec de très beaux moments ( Wang Wang Blues,
Pick Youself Up, Opus ¾ en hommage non déguisé ). Au
ténor, quoique d’un bon niveau, il est moins
performant (Blues for Ben, Take Me In Your Arms) et
au soprano sur Cachita, d’un intérêt limité, il
ne saurait souffrir la comparaison avec nos meilleurs
sopranistes. Cet enregistrement révèle aussi ses
qualités d’arrangeur sur six titres et non des
moindres avec des passages qui évoquent plaisamment
la petite formation légendaire de John Kirby (Wang
Wang Blues, Way Down Yonder In New Orleans).
La rythmique est exemplaire de swing et
d’efficience, emmenée par le wilsonien Chris
Hopkins dont le beau piano distille quelques vrais
moments de bonheur.
On ne dira jamais assez l’importance de la
guitare au sein d’une rythmique. Celle de Rolf
Marx le démontre avec talent. Il est aussi un
excellent soliste qui pourrait bien constituer une
révélation pour nombre d’amateurs tant pour son
phrasé que pour sa sonorité et ses idées. Dans It
Might As Well Be Spring, en trio, seulement
accompagné de la contrebasse et de la batterie, il
joue avec une guitare acoustique. Un choix
appréciable mais le morceau est longuet malgré le
haut niveau technique des trois musiciens. On le
préfère dans les autres morceaux, à la guitare
électrique, dans la veine de Wess Montgomery.
Le contrebassiste Ingmar Heller, encore bien méconnu
dans notre pays, est un sacré musicien !
L’hommage à Pettiford sur Tricotism est
convaincant mais les solos mesurés qu’il prend
ailleurs le sont tout autant. A
l’accompagnement, l’osmose avec le
batteur ravit l’auditeur…
Oliver Mewes est un accompagnateur hors pair. Sa
pulsation productrice de swing « nourrit »
les solistes et ses interventions en solo, ici
souvent insérés dans les arrangements, régalent.
Le Swing Society aime inviter des solistes. Ce fut le
cas avec le cornettiste Jon-Erik Kellso pour de
nombreux concerts ainsi qu’avec Dan Barrett que
l’on retrouve avec bonheur. Styliste
remarquable, Dan Barrett est un tromboniste de
premier plan au goût parfait. Sa sonorité est
l’une des plus belles et son souple phrasé,
sans jamais forcer, est exquis. Notons aussi une
belle démonstration au « plunger » sur
Blues For Ben. C’est aussi un cornettiste très
fin (Way Down Yonder In New Orleans). Ce disque
anniversaire permet aussi de découvrir ses talents
d’arrangeur, notamment pour quatuor à cordes,
sur trois titres (Estrellita, Serenade In Blue
et Danny Boy). Comme on pouvait s’y attendre,
ce n’est pas avec eux que l’on trouvera
les meilleurs moments de swing. Une belle musicalité
n’en reste pas moins présente.
L’amateur de jazz pur et dur prendra un réel
plaisir à l’écoute d’un peu moins de la
moitié des titres. Le mélomane se réjouira plus
longuement. Mais, l’intérêt que représentera
pour beaucoup d’amateurs français la découverte
de certains musiciens devrait inciter à
l’achat.
Dominique Burucoa