Philippe Pilon
![Pilon001](files/pilon001.jpg)
Une bonne partie de la meilleure production
discographique actuelle se situe aux frontières du
mainstream et du bop. Le disque de Philippe Pilon entre
dans cette catégorie. Il en est même un des plus beaux
spécimens récents, sinon la perle. C’est une très
bonne surprise, d’autant que ce jeune musicien
(né à Suresnes en 1973), ne compte pas encore parmi les
plus connus du jazz hexagonal. Gageons que ce disque
totalement réussi changera un petit peu la donne. Voilà
donc un nouveau saxophoniste ténor, avec une belle
qualité de son, un phrasé relaxe, du goût pour les
histoires bien construites, une grande variété
rythmique... Il allie la robustesse des Texans et une
grâce toute getzienne sans oublier, évidemment, Lester
Young qui fut un de ses premiers maîtres.
Le charme du CD vient également des six thèmes
originaux, tous signés par le saxophoniste, des thèmes
en totale osmose avec le style de
l’instrumentiste, des thèmes qui chantent, qui
donnent envie de chanter. Et quand il reprend un
standard, Philippe Pilon se l’approprie, le
rajeunit. Ecoutez-le exposer
Blue Turning Grey…
Je ne surprendrai personne en affirmant que la
rythmique formée par Pierre Christophe (p),
Raphael Dever (b) et Guillaume Nouaux (dms) est idéale.
Deux invités, les trompettistes Julien Alour et Jérôme
Etcheberry, participent eux aussi avec bonheur à cinq
titres.
Take It Easy, une véritable profession de foi !
Guy Chauvier
Expositions
![Arbre-img-web](files/arbre-img-web.jpg)
![Affiche-Dansons-web](files/affiche-dansons-web.jpg)
![Affiche-Coulisses-web](files/affiche-coulisses-web.jpg)
"L'Arbre du Jazz", "Dansons le Jazz" et "Les Coulisses du Jazz", trois expositions conçues par Philippe Baudoin et Isabelle Marquis, seront aux Médiathèques d'Orléans pendant la durée d'Orléans Jazz, du 11 juin au 2 juillet. On les retrouvera aux Nuits du jazz de Vauvert du 7 au 16 juillet (Espace Jean Jaurès).
L'Arbre du Jazz est en ce moment (jusqu'au 21 mai) à La Maison du Printemps de l'Espace du Palais à Rouen.
Guy Bonne
![Bonne001](files/bonne001.jpg)
Cela fait pas mal d’années que les bonnes
nouveautés de jazz Nouvelle-Orléans se font rares.
Réjouissons-nous cependant en constatant que deux des
tout meilleurs CD sortis récemment ont été enregistrés
chez nous par des musiciens du cru : celui des
Wooden Heads en 2007, « First improvize, then
organize » aujourd’hui. La qualité
superlative de la musique de ce second enregistrement
ne nous a absolument pas surpris dans la mesure où les
deux disques possèdent en commun un solide
argument : Guy Bonne. Dans notre numéro 47, pour
saluer la sortie du Wooden Heads, nous vantions les
multiples mérites du clarinettiste. Le disque
qu’il publie sous son nom, où il est le plus
souvent au premier plan, illustre encore davantage ses
qualités : beauté du son, variété et vitalité du
phrasé, inspiration, justesse du style, émotion,
maîtrise technique… C’est bien simple,
vous pouvez écouter Guy après n’importe quelle
figure historique de l’instrument, il fait le
poids ! Voilà qui n’est pas courant…
Le CD a été conçu à partir de deux séances, l’une
en quartette avec Jacques Schneck (p), Christophe Davot
(g) et Raphael Devers (b), l’autre en sextette
avec Francis Guéro (tb), Pierre Jean (p), Ziggy Mance
(g), Sébastien Girardot (b) et Stéphane Roger (dms).
Excellent casting !
Le choix des partenaires était primordial car il
s’agissait de jouer une musique avant tout
spontanée et collective.
On connaît les affinités de la plupart de ces musiciens
avec la Cité du croissant : Stéphane Roger,
Sébastien Girardot, Pierre Jean, Christophe Davot, sans
oublier l’excellent Francis Guéro qui
s’impose chaque jour davantage comme un des
meilleurs spécialistes du trombone New Orleans. Reste
que les autres ont su s’adapter avec intelligence
et sensibilité. Jacques Schneck, par exemple, que
l’on entend abondamment, et depuis longtemps,
dans des contextes très différents de celui-ci,
s’exprime là avec une grande sobriété, un goût
mélodique et rythmique en parfaite situation. Je vous
recommande son solo de
Make Me A Pallet On The
Floor.
Guy Chauvier
Pour Cécile (McLorin Salvant) et Denise (King)
Côté masculin, la moisson n’est pas plus
heureuse, au contraire… Nous avons reçu
Devil May Care,
le dernier
Jamie Cullum.
Il est plus jazz que le précédent. Ce n’était pas
difficile. Ici, comme dans le dernier Count Basie
orchestra où il était invité sur
Blame It On My Youth,
Jamie fait le crooner. Il sait faire. Le problème,
c’est que, quel que soit l’angle sous
lequel vous considérez sa performance, le timbre, le
phrasé (etc.), il n’ a aucune personnalité. Il
n’est pas le seul. Je viens
d’écouter
Rush Of Love,
de
Mitch Winehouse,
un des multiples sous-Sinatra, un sexagénaire anglais,
père de la chanteuse Amy Winehouse. Ce n’est pas
un mauvais disque, seulement un disque inutile.
Passons…
![Fulton site](files/fulton-site.jpg)
![Cécile site](files/ce0301cile-site.jpg)
![King001](files/king001.jpg)
Guy Chauvier
(1) On retrouve la plupart de ces musiciens dans
l’excellent et dernier CD de David Sauzay, à mon
avis son meilleur,
Open Highway.
Le ténor y est en compagnie d’Alain Jean-Marie
(p), Michel Rosciglione (b), Mourad Benhammou (dms),
Fabien Mary (tp) et Michael Joussein (tb).
Chroniqué dans Jazz Classique n°50 :
(2)
CATHERINE RUSSELL.
Sentimental Streak.
World Village 468075.
So Little Time So Much To Do - I’m Lazy,
That’s All - Kitchen Man - Oh Yes, Take Another
Guess - New Orleans - My Old Daddy’s Got A Brand
New Way To Love - South To A Warmer Place - Thrill Me -
You Better Watch Yourself, Bub - I’ve Got That
Thing - I Don’t Care Who Knows - Broken Nose
– Luci - You For Me, Me For
You.
Durée : 47’05.
Distribution Harmonia Mundi.
Vous ne connaissez peut-être pas encore Catherine
Russell mais vous apprendrez vite à la reconnaître.
Elle a tout un tas de qualités qui la distinguent de
ses consoeurs, à commencer par son timbre, noir,
légèrement voilé, parfaitement homogène et, surtout,
facilement identifiable.
Pour chaque chanson interprétée, Catherine cite ses
sources : Louis Armstrong, Pearl Bailey, Bessie
Smith, Ella Fitzgerald, Alberta Hunter, King Oliver,
etc. Elle peut en effet jouer cartes sur table, jamais
elle ne souffre d’une quelconque comparaison car
elle ne copie jamais qui que ce soit. Ici ou là, vous
repèrerez peut-être une phrase dont la diction évoquera
Ethel Waters, une inflexion à la Bessie Smith, un
phrasé inspiré par Armstrong - que sais-je ? -, il
n’empêche, toutes les influences sont
harmonieusement fondues et la chanteuse fait tout à sa
manière. C’est à peine si elle change quoi que ce
soit quand le répertoire s’évade du tronc commun
des références citées plus haut.
Ce qu’il y a sans doute de plus intéressant, et
aussi de plus étonnant, chez Catherine Russell,
contrairement à la multitude des chanteuses actuelles
(je parle de celles qui ont quelque chose à voir avec
le jazz classique) qui s’expriment toutes (ou
presque) de façon très travaillée, très contrôlée, très
sophistiquée, voire parfois, malheureusement, très
apprêtée, c’est qu’elle chante un jazz on
ne peut plus classique avec un naturel digne de la
grande époque.
En fait, Catherine Russell n’a pas eu à apprendre
la musique qu’elle chante, elle la connaît depuis
toujours, elle est née dedans puisqu’elle est la
fille de Luis Russell, le fameux pianiste et chef
d’orchestre qui accompagna notamment Louis
Armstrong à partir de la fin des années 20, et de
Carline Ray, contrebassiste, guitariste et chanteuse
qui s’illustra, entre autres, aux côtés de Mary
Lou Williams, The Sweetheart Of Rhythm ou, plus
récemment, Wynton Marsalis. Catherine est née en 1956,
son papa avait cinquante-quatre ans et devait décéder
sept ans plus tard. Une photo du livret la montre à
quatre ans dans les bras de Louis Armtrong. Depuis,
Catherine est devenue danseuse, puis chanteuse, mais
pas toujours de jazz. Elle compte tout de même à son
actif une collaboration avec Carrie Smith dans les
années 80. Mais c’est en faisant régulièrement le
bœuf au Sweet Basil de Greenwich Village, avec
Doc Cheatham, dans les années 90, qu’elle va
réorienter sa carrière en direction des racines
familiales.
En 2006, Catherine Russell produisit un premier CD,
“Cat“ (également distribué par Harmonia
Mundi). Je ne doute pas que ses admirateurs y trouvent
de nombreuses raisons de s’enthousiasmer.
“Sentimental Streak“, me paraît toutefois
nettement supérieur, à cause du répertoire, plus
recentré et plus apte à mettre en valeur la
personnalité de la chanteuse, une
personnalité aujourd’hui plus affirmée, à
cause aussi de la grande qualité des accompagnateurs du
dernier enregistrement : James Wormworth (dms),
Les Hudon (b), Matt Munisteri (g), Mark Shane
(p)… (Guy Chauvier)
(3)
Ce CD intitulé tout
simplement Cécile McLorin Salvant et le
Jean-François Bonnel Paris Quintet
a été produit à compte d’auteur. Il est vendu
lors des concerts. On peut le télécharger sur I Tunes,
Amazon ou CD Baby. Il est également disponible sur le
label japonais Agathe.
Quelques fourre-tout, deux, trois anthologies et une intégrale !
Le marché du disque de jazz continue à être
majoritairement alimenté par les assemblages les plus
divers. En voici quelques échantillons récents :
FREMEAUX
& ASSOCIES
![West Coast001](files/west-coast001.jpg)
En revanche, on mettra en toutes les mains JAZZ WEST COAST 1950-1958 (FA 5281). La sélection et les commentaires sont l'œuvre d'un des meilleurs spécialistes du sujet : Alain Tercinet. Remarquons deux inversions : titres 19 et 20 sur le CD 1, 15 et 16 sur le CD 2.
CRISTAL RECORDS
![Virtuosos001](files/virtuosos001.jpg)
BDMUSIC
Nous sommes toujours aussi réservés sur la qualité des “BD“. Mais les deux CD, presque toujours bien conçus, rachètent l'entreprise. Alors, si vous recherchez des compilations de Dinah Washington (1945-1959, des débuts hamptoniens à la période Mercury), Peggy Lee (1941-1960), Memphis Slim (1940-1960)… Celle d'Helen Merrill (due à Claude Carrière) est à mon avis la plus intéressante dans la mesure où elle contient la totalité des séances avec Clifford Brown, la totalité également de l'album Dream Of You (arrangé par Gil Evans), les cinq faces avec Bobby Jaspar, Bill Evans, Oscar Pettiford et Jo Jones, de larges extraits de You've Got A Date With The Blues…
JAZZMASTERS CABU
![Quincy001](files/quincy001.jpg)
INEGRALE LOUIS ARMSTRONG
![Armstrong001](files/armstrong001.jpg)
Guy Chauvier
Les Brown Sisters bientôt en Europe
![Brown sisters002](files/brown-sisters002.jpg)
King Reno : Pierre et le Loup
![King Reno](files/king-reno.jpg)
Présentation des personnages :
Mes chers enfants et les autres - Parade dixieland
- Mais qu’est-ce que le dixieland ? -
Duchabada au leitmotiv - Le thème de l’oiseau de
Prokovief - Le thème du grand-père - Le thème du canard
- Le thème du chat - Le cool jazz - Le thème du loup -
Le thème des chasseurs - L’instrument roi de la
Nouvelle-Orléans - Le thème de Pierre - Intermède - Un
beau matin.
Pierre rencontre le loup à Dixieland :
Un beau matin - Un canard se dandine - Un chat
chapardeur - Un moucheron, une abeille… - Le
grand-père en colère – Un gros loup gris –
Pierre élabore un plan – Le plan démarre - Les
chasseurs sortent des bayous - Imaginez la marche
triomphale - Parade : When the Saints.
La musique dixieland :
I’ve Found a New Baby - Sugar Foot Stomp -
Struttin’ With Some Barbecue - Baby Won’t
You Please Come Home - I Want A Big Butter and Egg Man
- Peter’s Theme (alt.) - Wild Wolf Wailing (alt.)
- Cat Like Cat (alt.).
Durée : 56’30.
Jean-François Bonnel (cornet), Julien Miro (trombone),
Gérard Murphy (clarinette), Renaud Perrais (sax ténor),
Clément Tardivet (piano & narration), Félix Hunot
(banjo, guitare), Mathias Barison (contrebasse),
Thierry Lutz (batterie).
Adapter « Pierre et le loup » de Prokofiev en
jazz n’est pas une idée neuve mais une bonne
idée. Le trompettiste Pee Wee Erwin l’avait fait.
Mais qui s’en souvient ? King Reno Dixie 8
reprend ici sa musique qui conserve les motifs de
Prokofiev, ainsi que les arrangements de Lou Singer
pour cette version française.
Le CD débute par une petite histoire du jazz puis,
comme dans l’original, se mêle à la présentation
des personnages chacun représenté par un
instrument de l’orchestre avec son
leimotiv : l’oiseau par la clarinette, le
grand-père par le trombone, le canard par le banjo, le
chat par le saxophone ténor, le loup par la
contrebasse, les chasseurs par la section rythmique et
Pierre par la trompette. Chaque présentation donne lieu
à des passages musicaux dont certains swinguent avec un
réel bonheur.
Le conte proprement dit est narré ensuite avec quelques
variations, non dénuées d’humour, assorti de ses
illustrations musicales qui dévoilent l’habileté
des arrangements exécutés avec souplesse et maîtrise.
Lors des représentations de l’œuvre de
Prokofiev, les orchestres classiques font appel, en
général, à des comédiens de renom. King Reno Dixie 8 a
trouvé en la personne de son pianiste, Clément
Tardivet, un narrateur particulièrement doué et
convaincant.
Enfin, l’orchestre interprète cinq thèmes connus
qui complètent l’enregistrement mais aussi
certainement le programme lorsque le spectacle est
présenté en salle. Ils permettent de mesurer pleinement
la qualité des instrumentistes, vrais jazzmen, qui
jouent avec conviction sur d’excellents
arrangements.
Ce disque, comme vraisemblablement le spectacle dont il
est l’écho, mérite de passer dans toutes les
oreilles et devant tous les yeux. Il constitue une
plaisante initiation au jazz et régale l’amateur.
Il témoigne par ailleurs d’un sérieux travail qui
mérite des cerises tant pour sa conception que pour son
rendu.
Dominique Burucoa
Warren Vaché - John Allred
![Vaché site](files/vache0301-site.jpg)
Warren Vaché (co & voc), John Allred (tb), Tardo
Hammer (p), Nicki Parrott (b, voc), Leroy Williams (dm)
Après « Jubilation » (cf. chronique J.C. n°
53), voici enregistré dix-huit mois plus tard, les 8 et
9 juin 2009, « Top Shelf ». Les musiciens
sont les mêmes mais nous n’y retrouvons pas tout
à fait la flamme du premier disque.
Le choix du répertoire est ici plus radical comme
l’exprime le titre éponyme, dû à la plume de Blue
Mitchell (1930 – 1979), en une forme
d’adresse expressive. Ce trompettiste, souvent
oublié, est une référence pour Warren. Compagnon
notamment de Horace Silver, après avoir débuté avec
Cannonball Adderley, Mitchell a enregistré une
trentaine de disques. On trouvera sur You Tube un
portrait d’une dizaine de minutes, dû au
producteur Orrin Keepnews, qui éclairera utilement ceux
qui ne connaissent pas bien ce grand musicien
(http://www.youtube.com/watch?v=sxB-BOBVxP8&feature=fvw),
résolument hard bop, maître dans l’art de la
ballade. Les autres titres sont des compositions de
Ronnell Bright, Thelonious Monk, Clifford Brown,
Cannonball Adderley, Benny Golson, Bud Powell…
qui témoignent de l’unité stylistique du CD.
L’amateur de jazz classique pourrait ne pas
pleinement retrouver son univers musical préféré malgré
la présence de compositions qui lui seront
vraisemblablement plus connues (Moonlight
in Vermont, My Romance
ou
East of the Sun).
Autre différence de taille, ce deuxième opus est
enregistré en studio et non, comme le premier, en
direct dans un club. La dynamique de l’ensemble
s’en trouve modifiée, en particulier pour ce qui
concerne la rythmique. Le pianiste Tardo Hammer est
moins excitant, égrenant ses phrases avec parfois une
application un peu linéaire, Leroy Williams s’y
montre plus intempestif, certes musical, notamment dans
de beaux chases, mais moins attaché au swing régulier.
Nicky Parrott, chante sans grande conviction
East of the Sun
mais assure tout le long une belle partie de
contrebasse.
L’intérêt majeur, on pouvait s’y attendre,
vient de l’incroyable duo des deux soufflants.
Warren et John s’entendent comme larrons en
foire. A une époustouflante virtuosité, une souplesse
du phrasé exemplaire, en se jouant, il va de soi, des
harmonies, ils allient deux des plus belles sonorités
de cornet et de trombone et un sens unique de la
construction des solii. Cela devrait suffire à
contribuer à notre bonheur... Et pourtant, de notre
point de vue, tous les ingrédients ne sont pas ici
réunis pour nous combler tout à fait… A écouter
avant l’achat.
Dominique Burucoa
Ehud Asherie
![Asherie001](files/asherie001.jpg)
Ehud Asherie, né en Israël, est un pianiste New Yorkais
de 30 ans dont le mode d'expression initial est le bop
et revendique Bud Powell comme son modèle.
Il a fait irruption sur la scène du piano jazz plus
traditionnel il y a environ deux ans, peu après sa
découverte d'un disque de François Rilhac qui a suscité
chez lui un tel enthousiasme qu'il a décidé de
s'intéresser de beaucoup plus près au stride en
particulier. Doté d'une technique très sûre, d'une
oreille remarquable et d'une volonté indispensable à
l'apprentissage d'un tel répertoire, il s'est vite
familiarisé avec James P. Johnson et Fats Waller. Avide
de tout, il n'a pas tardé à progresser énormément
depuis que je l'ai entendu la première fois en Floride
il y a deux ans. Nous avons tout récemment joué
ensemble en compagnie de Bernd Lhotzky, Chris Hopkins,
Rossano Sportiello, Paolo Alderighi et Stéphanie Trick
et il nous a tous surpris et enchantés.
Ce CD, enregistré il y a huit mois, ne lui rend
qu'imparfaitement justice car il a progressé depuis, et
parce que la prise de son et le piano auraient pu être
meilleurs.
Les jeunes jazzmen actuels disposent aujourd'hui de
l'éventail intégral de tout ce qu'on a pu découvrir et
expérimenter dans cette musique depuis Jelly Roll
jusqu'à Brad Melhdau, pour ce qui est des pianistes. A
eux de choisir ce dont ils ont besoin pour développer
un langage personnel. Ehud personnalise cette nouvelle
catégorie de musiciens qui n'ont pas décidé de se
confiner à un style très spécifique mais préfèrent
tenter de concilier dans leur expression une large
palette d'influences. On pourra peut être reprocher un
côté hybride à sa musique mais je la trouve beaucoup
plus intéressante que la recréation servile des grands
solos des maitres, car cette démarche permet une
créativité et des explorations nouvelles.
Le répertoire du CD est varié, il comporte des
standards du jazz, de la comédie musicale américaine,
du stride, du bop et une composition originale, tous
les titres ayant un rapport avec New York, dont Ehud
est fier d'être un citoyen.
Le tempo d'Ehud est sûr, il swingue parfois
intensément, il aime les nuances et les couleurs, il
respecte les mélodies et sait jouer avec les harmonies.
Ehud a en audace et en gouaille ce qui lui manque un
peu pour le moment en élégance et en équilibre. C'est
aussi ce qui donne à son jeu cette fraîcheur, notamment
dans 52nd Street Theme, Autumn in New York, 42nd
Street, Harlem Strut ou Take The A Train.
Certains morceaux en tempo lent sont tendres et
pénétrés, comme Autumn in New York, Manhattan, ou la
belle composition de Leonard Bernstein Lonely Town.
D'autres plus vifs font alterner les chorus bop et le
stride comme 52nd Street Theme (avec de cocasses
irruptions de Willie Smith ou Don Lambert dans un pur
bop) ou Harlem Bound (composition du pianiste me
rappelant Claude Hopkins).
Asherie a une vaste connaissance de la littérature du
piano jazz et on trouve à tout moment des citations
parfois inattendues de tel ou tel pianiste, entre
autres : The Peacocks de Jimmy Rowles dans Autumn in
New York, Steeple Chase de James P. Johnson dans 42nd
Street, Zig Zag du Lion dans l'introduction de 42nd
Street.
Voilà donc un premier CD en solo d'un artiste dont on
n'a pas fini d'entendre parler, et qui est un nouveau
rayon de soleil dans la petite confrérie des pianistes
de jazz traditionnel, même si son langage est beaucoup
plus vaste.
Louis Mazetier
Engelbert Wrobel
![Wrobel site](files/wrobel-site.jpg)
Wang
Wang Blues – Blues for Ben – Pick Yourself
Up – Estrellita – Long Live the King
– Opus ¾ - Cachita – Take Me In Your
Arms/And The Angels Swing – After You’ve
Gone – Serenade in Blue – Tricotism –
It Might As Well Be Spring – Way Down Yonder In
New Orleans – Danny Boy. Durée : 1h.
Engelbert Wrobel
(cl, ts, ss), Dan Barrett (tb, tp), Chris Hopkins (p),
Rolf Marx (g), Ingmar Heller (b), Oliver Mewes (dm) +
cordes
Habitué d’Ascona, Engelbert Wrobel a-t-il un jour
été programmé en France ? Depuis vingt ans, il
dirige l’orchestre Swing Society et tourne
régulièrement en Allemagne et en Europe du Nord où il
connaît une renommée justifiée en compagnie des mêmes
musiciens depuis… quatorze ans. Brillant
clarinettiste, disciple de Benny Goodman, c’est
cet instrument qu’il privilégie à juste titre ici
avec de très beaux moments ( Wang Wang Blues, Pick
Youself Up, Opus ¾ en hommage non déguisé ). Au ténor,
quoique d’un bon niveau, il est moins performant
(Blues for Ben, Take Me In Your Arms) et au soprano sur
Cachita, d’un intérêt limité, il ne saurait
souffrir la comparaison avec nos meilleurs sopranistes.
Cet enregistrement révèle aussi ses qualités
d’arrangeur sur six titres et non des moindres
avec des passages qui évoquent plaisamment la petite
formation légendaire de John Kirby (Wang Wang Blues,
Way Down Yonder In New Orleans).
La rythmique est exemplaire de swing et
d’efficience, emmenée par le wilsonien Chris
Hopkins dont le beau piano distille quelques vrais
moments de bonheur.
On ne dira jamais assez l’importance de la
guitare au sein d’une rythmique. Celle de Rolf
Marx le démontre avec talent. Il est aussi un excellent
soliste qui pourrait bien constituer une révélation
pour nombre d’amateurs tant pour son phrasé que
pour sa sonorité et ses idées. Dans It Might As Well Be
Spring, en trio, seulement accompagné de la contrebasse
et de la batterie, il joue avec une guitare acoustique.
Un choix appréciable mais le morceau est longuet malgré
le haut niveau technique des trois musiciens. On le
préfère dans les autres morceaux, à la guitare
électrique, dans la veine de Wess Montgomery.
Le contrebassiste Ingmar Heller, encore bien méconnu
dans notre pays, est un sacré musicien !
L’hommage à Pettiford sur Tricotism est
convaincant mais les solos mesurés qu’il prend
ailleurs le sont tout autant. A l’accompagnement,
l’osmose avec le batteur ravit
l’auditeur…
Oliver Mewes est un accompagnateur hors pair. Sa
pulsation productrice de swing « nourrit »
les solistes et ses interventions en solo, ici souvent
insérés dans les arrangements, régalent.
Le Swing Society aime inviter des solistes. Ce fut le
cas avec le cornettiste Jon-Erik Kellso pour de
nombreux concerts ainsi qu’avec Dan Barrett que
l’on retrouve avec bonheur. Styliste remarquable,
Dan Barrett est un tromboniste de premier plan au goût
parfait. Sa sonorité est l’une des plus belles et
son souple phrasé, sans jamais forcer, est exquis.
Notons aussi une belle démonstration au
« plunger » sur Blues For Ben. C’est
aussi un cornettiste très fin (Way Down Yonder In New
Orleans). Ce disque anniversaire permet aussi de
découvrir ses talents d’arrangeur, notamment pour
quatuor à cordes, sur trois titres (Estrellita,
Serenade In Blue et Danny Boy). Comme on pouvait
s’y attendre, ce n’est pas avec eux que
l’on trouvera les meilleurs moments de swing. Une
belle musicalité n’en reste pas moins présente.
L’amateur de jazz pur et dur prendra un réel
plaisir à l’écoute d’un peu moins de la
moitié des titres. Le mélomane se réjouira plus
longuement. Mais, l’intérêt que représentera pour
beaucoup d’amateurs français la découverte de
certains musiciens devrait inciter à l’achat.
Dominique Burucoa
BD JAZZ
![RAY CHARLES](files/ray-charles.jpg)
Cette BD fait au plus simple : un dessin réaliste,
chaque double page évoquant un moment clef de la vie de
Ray Charles. De l'enfance pauvre jusqu'à la gloire :
voici donc « The Genius » en treize tableaux
accompagnés d'un texte qui résume à la première
personne les drames, les influences, la musique et les
engagements de l'artiste. Le trait de José Correa
rappelle parfois celui de Raymond Moretti (sans
toutefois le mauvais goût de ce dernier) et reproduit
fidèlement les images quasi iconiques de Ray Charles
comme des différentes personnalités que l'on croise
dans cette BD (King Cole, Martin Luther King, Art
Blakey...).
Le premier CD rassemble onze séances de studio
réalisées entre 1953 et 1959, soit un éventail très
représentatif de sa période Atlantic (1952-1959). Le
second CD puise dans la même période mais s'attache aux
« Live Sessions », reprenant l'intégralité du
« Ray Charles At Newport » (Atlantic 1289,
1958) suivi de cinq titres extraits de « Ray
Charles In Person » (Atlantic 8039, 1959) et deux
titres de 1961. Du Ray Charles pur sucre, sans
adjonction de vedettes pop. C'était le bon temps.
![CAB](files/cab.jpg)
L'hagiographie est un genre qui se perd, faute de saints et d'hagiographes sans doute. Heureusement, l'exercice trouve encore quelques adeptes qui n'hésitent pas à sacrifier leur temps libre, sinon leur vie, pour célébrer telle ou telle personnalité au point d'en perdre parfois la notion de la juste mesure. Pitet et Cabu perpétuent aujourd'hui cette tradition littéraire avec cette BD Jazz consacrée à Cab Calloway.
Reconnaissons à Cab Calloway quelques mérites : il a inventé un style d'entertainer, enregistré quelques scats bien sentis et, surtout, il a managé un des meilleurs big bands au tournant des années 40. C'était un chef d'entreprise brillant et généreux, qui déléguait la partie artistique à bien plus compétent que lui. A part ça, son art vocal se réduit à de puissants brames, pas toujours justes, rarement subtils. Un Minnie The Moocher de temps en temps, c'est sympathique ; deux copieux CD en enfilade, où la part belle est faite à sa voix sous toutes ses formes, c'est long (il y a quand même des extraits de la grande période du big band dans cette sélection). Pitet et Cabu ont d'ailleurs conçu cet ouvrage comme un vocal de Cab Calloway : sans grande finesse et clinquant. Le dessin de Cabu a connu meilleure inspiration (les couleurs sont assez moches, la mise en page un peu fouillis) et le texte de Pitet s'attache au seul pittoresque du personnage (mais y avait-il matière à procéder autrement ?). Cab le plus grand, Cab le meilleur, Cab le génie... L'enthousiasme, c'est un peu comme la cannelle ou la cocaïne : passé une certaine dose, c'est indigeste.
La BD s'achève par une étymologie pour le moins étonnante du surnom « Big Apple » donné à New York (une histoire de pomme d'Adam et de trac...), une sélection du fameux « Hepsters Dictionary » et la traditionnelle biographie bilingue, richement illustrée, qui est également un très complet répertoire de superlatifs, évidemment dédiés à Saint-Cab.
Dominique Périchon
Jazz vocal
![Richards001](files/richards001.jpg)
Il est toujours agréable d’entendre des musiciens
comme Jean-Sébastien Simonoviez (p), Philippe Dardelle
(b) et Mourad Benhammou (dms) réunis ici autour du
chanteur Maurey Richards. Leur présence apporte
l’assurance d’écouter une musique de
qualité dans un cadre convivial. Installé depuis un an
en Bretagne Maurey Richards a derrière lui une carrière
bien remplie dans la variété de haut vol. Il était
pendant, les années 80, le soliste des Platters et il
s’est produit à Londres dans plusieurs comédies
musicales. Avec ce disque Maurey Richards aborde le
domaine du jazz au travers de standards qui font
référence. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas
toujours. Son timbre de voix est agréable mais son
phrasé reste entaché d’imprécisions rythmiques et
d’inflexions qui surchargent inutilement sa ligne
de chant. Cela passe parfois mais devient gênant sur
Stormy Monday Blues où il force sa voix. Bref, le
chanteur de variété n’est pas loin. Attendons le
prochain disque.
![Rodriguez001](files/rodriguez001.jpg)
Guy Chauvier nous avait dit tout le bien qu’il pensait de Veronika Rodriguez lors de la parution de son album « Paris Is You » (Jazz Classique N°36). La chanteuse s’y produisait entourée d’un remarquable octette. La voici ici accompagnée par le Côte Ouest Big Band dont elle est la voix féminine. Associant sa voix aux arrangements du leader Jean-Philippe Vidal, elle swingue avec un bel entrain et une apparente décontraction qui lui réservent une place de choix dans la lignée des June Christy, Anita O’Day, Peggy Lee et Ella Fitzgerald. Ces influences ne l’empêchent pas de trouver sa propre voie en s’exprimant de manière personnelle comme le montre son hommage à Chris Connor qui ne doit qu’à son seul talent et sa belle sensibilité. Une vraie chanteuse de jazz.
![Sloane](files/sloane.jpg)
Carol Sloane est un phénomène de longévité vocale puisqu’elle a débuté dans le métier pendant les années 50. Durant sa riche carrière, elle a enregistré trente-sept albums et croisé la route des grands musiciens de sa génération. Connaissant son métier sur le bout des doigts, Carol Sloane dispose d’un vaste répertoire adapté à son tempérament. Y figurent des standards illustrés brillamment par d’autres artistes, qu’elle restitue de manière toute personnelle. Ainsi sa version de Why Don’t You Do Right se démarque de celles de Lil Green et Peggy Lee qui font pourtant référence. Le traitement en bossa nova de If I Could Love Me ne peut être que le fait d’une artiste au goût sûr. Sa ligne de chant est précise, sa diction limpide et il se détache de ses interprétations une touche intimiste au charme nostalgique. Ses accompagnateurs participent largement au climat du disque, les solos de ténor et de clarinette de Ken Peplowski étant remarquables. L’accumulation de tempos lents choisis par goût esthétique et peut être aussi par nécessité, un chant placide qui ne demanderait qu’à sortir d’une confortable sagesse et l’absence d’une quelconque prise de risques constituent les seules relatives faiblesses de ce beau disque.
![Etta](files/etta.jpg)
Ce beau disque est le dernier opus de la chanteuse Etta Cameron décédée le 4 mars 2010 au Danemark, son pays d’adoption depuis le début des années 1970. Le recueil débute avec une version inspirée de What a Wonderful World délicatement annoncée par la sonorité voilée de la trompette de Palle Mikkelborg. Puis s’élève la voix grave d’Etta dont le chant dépouillé se joue des difficultés du tempo lent en s’appropriant un titre ressassé par tant d’autres. En quelques mesures, Etta impose le déroulé d’un phrasé maîtrisé et son sens lumineux de l’interprétation. Et tout est dit. Le même pouvoir émotionnel provenant des profondeurs du blues et du gospel se retrouve dans Careless love et God Bless the Child sur lequel plane l’ombre bienveillante de Billie Holiday. Une belle voix malheureusement à jamais éteinte.
![Tiss001](files/tiss001.jpg)
Ce disque rend hommage au Count Basie du « Nouveau Testament » puisque y figurent des titres comme Every Day I Have The Blues, April in Paris et les fameux Lil Darlin’, Little Pony et Whirlybird composés par Neal Hefti. Conçus initialement pour un grand orchestre, les arrangements de ces morceaux, écrits le plus souvent par Neal Hefti, ont été fort habilement adaptés par Claude Tissendier au format d’un octette de structure semblable à celui que dirigea Basie en 1950. L’autre originalité du projet a été d’adjoindre au groupe une partie vocale s’appuyant sur des paroles de Jon Hendricks. Mais à la différence du trio Lambert, Hendricks & Ross dans leur fameux disque « Sing a Song of Basie » et des Double Six de Mimi Perrin, les chanteurs improvisent en scat sans reprendre les solos instrumentaux originaux. On voit donc que ces références placent d’emblée la barre très haut. Mais avec une telle équipe il n’y a rien à craindre. La réussite est au rendez-vous bien loin des sentiers battus dans lesquels se perdent trop souvent les réalisations de ce genre. Emmené rondement par une section rythmique souple et solide constituée de Jacques Schneck (p), Nicolas Peslier (g), Jean-Pierre Rebillard (b) et Sylvain Glevarec (dms), l’octette fonctionne comme une belle machine à swinguer. Galvanisés par des arrangements taillés sur mesure, Gilles Berthenet (tp), Claude Tissendier (cl), François Penot (ts), Olivier Defaÿs (bar) et Jacques Schneck (p) interviennent avec un bel à propos. Les deux vocalistes sont excellents. Chanteur attitré de la formation de Claude Bolling, Marc Thomas dispense un scat ravageur et se montre un crooner de grande envergure dans Dansez sur moi. Une grande complicité l’unit à la trop rare Michele Hendricks qui ne craint personne dans le domaine du scat dont elle est l’une des reines. Bravo.
Alain Tomas
André Villéger en concert
26 septembre (19h30) à Saint-Maur-des-Fossés (92) : André Villéger et le Paris Swing Orchestra joueront Sidney Bechet (20 rue de la Liberté - salle Rabelais)
![Andre Villeger](files/andre-villeger.jpg)
(20h30),
à l'école
St Michel de Picpus,
53 rue de la gare de Reuilly
(Paris - 12ème) :
André Villéger (s),
Alain Jean-Marie (p),
Michel Pérez (g),
Gildas Boclé (b) et
Roger Raspail (perc)
joueront (bénévolement)
pour l'association
Tèt Kole
(nom qui signifie solidarité en créole).
La recette de ce concert
servira
à la reconstruction
d'une école
en Haïti,
école détruite lors du
séisme de janvier 2010.
18 décembre (17h30) au Studio 105 de la Maison de la Radio (Paris). André Villéger - Michel Pérez Quartet. Entrée : 5 €. Réservations :
- Par téléphone : 01.56.40.15. 16 touche n°1
- Par internet : concerts.radiofrance.fr - onglet billetterie en ligne
- par courrier : les concerts de Radio France pièce 9422 116, avenue du Pdt Kennedy 75220 Paris cedex 16.
Joseph Reinhardt joue Django
![Joseph](files/joseph.jpg)
Djangology – Le manoir de mes rêves –
Bric Top – Nuages – Sweet Sue –
Triste mélodie – I Know That You Know –
Manouche – Mon pote le Gitan – Oui, pour
vous.
Durée : 37'39.
Sur le monument dédié aux frères restés dans l'ombre,
il faut graver le nom de Joseph Reinhardt (frère de
Django) aux côtés de ceux de Frank James (frère de
Jesse), Théo Van Gogh (frère de Vincent), le Masque de
fer (frère – présumé – de Louis XIV), etc.,
etc., car la liste est longue des cadets venus trop
tard et des aînés rattrapés par le génie du petit
dernier, frères cachés par la trop lumineuse star
familiale, deuxièmes couteaux, assistants... Les fils
s'en sortent finalement mieux (quoique Lousson ne soit
pas un bon exemple ; Babik, si). Quand elle disparaît,
l'étoile brille encore longtemps et les frères font
alors comme ils peuvent. Frank James alla vendre des
chaussures, Théo ne survécut pas six mois à Vincent,
Joseph raccrocha d'abord sa guitare. Puis la reprit
quatre ans plus tard, en 1957. Il ne s'agissait même
pas de se faire un prénom et les titres des disques
qu'il enregistra alors étaient éloquents :
« Joseph Reinhardt joue... Django »,
« Hommage à Django », « Pour
Django »... Nin-Nin avait à l'occasion joué comme
soliste et leader du vivant de Django mais la mort de
ce dernier le poussa naturellement à prolonger cette
œuvre (il essaya même de terminer la
Messe Gitane
commencée par Django) au nom de la famille et de la
musique. Aujourd'hui, après l'avalanche de compilations
et de
best of
en tous genres déclenchée par le centenaire de Django,
Label Ouest se distingue intelligemment en offrant une
place méritée à Joseph et réédite les huit titres de
« JR joue... Django » de 1958 avec Pierre
Ramonet au violon. Des solos comme ceux qu'il prend
sur
Nuages
et
Triste mélodie,
où les silences fréquentent les plus belles idées,
placent Joseph Reinhardt parmi les guitaristes
manouches importants. Des années passées à seconder les
chorus géniaux de Django lui ont permis d'acquérir un
solide placement rythmique mais n'ont pas fait de lui
un simple clone car Joseph possède une sonorité bien à
lui, métallique, une façon de phraser qui ne manque
jamais de finesse, un sens aigu de la mélodie et aucune
attirance pour l'épate : de la musique. Un guitariste
de talent, un musicien sensible.
Deux titres sont extraits du 45 t. « Mon Pote le
Gitan ». Un onzième, daté de 1947, fait entendre
Joseph Reinhardt avec le « Stéphane Grappelli's
Hot Four » sur une guitare amplifiée, instrument
sur lequel il précéda Django. Malgré une vie musicale
autonome, Joseph restera le frère, l'ombre, le premier
aussi à porter ce formidable héritage. Un drôle
d'emploi où l'on perd un peu de soi-même.
Dominique Périchon
Jacques Reda : L'improviste
![Réda](files/re0301da.jpg)
Jacques Réda écrit
sur
la musique. Un livre sur la musique, mine de rien, ce
n'est pas si fréquent. Des livres sur les musiciens,
oui, et même pléthore : ils nous racontent des
histoires, biographisent à mort, se roule dans la
tragédie et l'anecdote. Mais la musique, souvent ils ne
font que l'effleurer. L'histoire des musiciens, ce
n'est pas tout à fait l'histoire de la musique. Quant
aux ouvrages qui traitent de la musique avant toute
chose, ils sont précis, donc techniques, et n'emploient
que des termes sans ambiguïté, donc savants ; et là,
c'est la grande masse des lecteurs qui, faute d'avoir
étudié des années durant l'harmonie au conservatoire,
reste sur le carreau... Jacques Réda propose une
solution pour être à la fois rigoureux et lisible, un
genre de méthode. D'abord, foin des détails
biographiques qui n'influent pas directement sur l'art
du jazzman ; ensuite, quand il parle des notes qui
résonnent dans le piano de Willie Smith The Lion, de la
phrase de Harry Edison ou des silences de Basie, jamais
il n'évoque quintes diminuées ou pentatonique mineure :
il trouve les combinaisons de mots que seul un écrivain
est capable d'inventer pour donner du corps à
l'insaisissable et crée ainsi un solfège tout
personnel, parfois aussi exigeant que le
« vrai », mais qui n'exclut personne du
moment qu'on sait lire. « Une lecture du
jazz », comme dit le sous-titre, une
écriture de la musique
également...
Jacques Réda est poète. Ce n'est pas rien. Si
L'Improviste
appartient à la collection « Folio Essais »,
l'œuvre est bien poétique. Non qu'il débite du
vers libre au kilomètre ou trafique de la métaphore en
gros mais il révèle des mondes cachés dans les
enregistrements les plus fameux, tisse un lien entre
les jazzmen, entre les périodes, reconstitue une
Histoire qui, soyons honnêtes, pourrait bien nous avoir
échappé... Il cherche dans les pianos ce qu'il y a et
ce que nous n'avions pas su entendre. Un poète donc.
L'Improviste.
Ce titre vous dit quelque chose : normal.
L'Improviste
rassemble deux livres précédemment publiés de Jacques
Réda :
L'Improviste (Une lecture du jazz)
et
Jouer le jeu (l'Improviste II).
Pour la présente édition, l'auteur ne s'est pas
contenté de coller deux textes anciens (1980 et 1985)
car il s'est fait l'arrangeur de ses propres
compositions, écartant et ajoutant de nouveaux thèmes.
Que trouve-t-on alors dans cet « essai » ?
Concernant la forme, un peu de tout, harmonisé par le
style de l'écrivain : une analyse serrée du pianiste
Ellington, le tombeau de Benny Goodman, les rêveries
d'un Jelly Roll en promeneur solitaire, une lettre à
Bud Powell, la chanson d'Eric Dolphy, un travail
d'historien sur le compositeur Ellington, un portrait
de Fletcher Henderson en chimiste, un précis
d'archéologie monkienne, des dialogues imaginaires, des
études comparées... Concernant le fond, on l'aura
compris, l'œuvre de quelqu'un qui place le jazz à
son juste pinacle.
Dominique Périchon
Dick Hyman's Century Of Jazz Piano
![Hyman](files/hyman.jpg)
Je suis un grand admirateur de Dick Hyman, comme ceux
qui ont pu lire les chroniques de disque de Jazz
classique le savent.
J'ai souvent joué avec lui depuis environ 10 ans,
j'avais auparavant beaucoup écouté nombre de ses
enregistrements. Je n'en suis pas pour autant son
hagiographe. Je sais ce qu'on lui reproche
habituellement - pianiste "caméléon" qui n'a pas de
style propre - et je conçois cette critique. Cet
ensemble de CDs (+ un DVD) peut continuer à alimenter
cette vision des choses puisque Hyman y fait la
démonstration des styles de piano jazz du_ragtime à
aujourd'hui, ce dont personne d'autre n'est
actuellement capable avec autant de bonheur, soit dit
en passant.
Je dois dire pour commencer que ses détracteurs, comme
d'ailleurs très souvent quel que soit le domaine, ne
connaissent pas très bien son travail et ne l'ont
écouté que superficiellement. Car Dick ne joue ni comme
Jelly Roll, ni comme Fats ou Tatum, mais comme
lui-même. Comment pourrait-il en être autrement ? Et
c'est tant mieux. Il faut voir les choses différemment,
même si c'est un peu loin de l'esprit habituel du jazz.
Dick est un interprète. Dans les évocations des maîtres
du clavier, il traite les morceaux les plus typiques
avec beaucoup de respect du style de chacun, de son
vocabulaire, de sa pulsation, bref de son esprit.
Ecoutez Joplin, ou
The Crave
de Morton, le
Carolina Shout
de James P, le
Complainin'
de Stacy. C'est un régal d'intelligence musicale, car
même si ce ne sont pas les créateurs, tout leur feeling
est présent, à la sauce Hyman. Très souvent d'ailleurs,
il s'éloigne notablement du modèle pour des digressions
personnelles, comme dans
Heliotrope Bouquet,
ses évocations de Duke ou de Monk.
Il faut aussi comprendre que cet ensemble est très
particulier dans la production du pianiste et qu'il
répond à un but didactique vrai, particulièrement en
exergue dans le DVD.
Tous les pianistes de Jazz, du débutant au plus expert,
peuvent y trouver quelque choses à apprendre. Pour moi,
si les chapitres consacrés au piano-jazz ancien ne me
fournissent que peu de matière à découvrir, il en est
tout autrement de ceux dévolus à Tatum et surtout à
Shearing, aux block chords et à Bill Evans, tant ils
sont bourrés d'éléments didactiques riches.
Et puis il y a le CD n°5 où Dick improvise très
librement sans support palpable, un peu à la Keith
Jarrett, mais en moins barbant. Même si on s'éloigne du
jazz classique, ça peut en surprendre plus d'un.
S'il est reconnu et acclamé dans le monde entier, Hyman
reste chez nous quasi inconnu. Le public français passe
à côté d'un des artistes les plus incroyables de son
époque et c'est dommage. il est aujourd'hui, à 83 ans,
parfaitement maitre de son art et de sa technique, se
renouvelant constamment, menant de front mille projets.
C'est à coup sûr le pianiste de jazz actuellement en
activité le plus cultivé, un soliste fascinant et plein
d'imprévu, un véritable phénomène et un exemple pour
tous les pianistes.
Louis Mazetier
Jazz au Pays basque
La Scène nationale Bayonne - Sud Aquitain a une
nouvelle fois donné une belle place au jazz dans sa
programmation :
• Dorado Schmitt
(Théâtre / Bayonne –
20/10)
• Chicago Blues Festival 2010
(Salle Paul Vaillant-Couturier / Boucau –
26/11)
• New Spirit & Carolyn Payne
(Bayonne – 30/11)
• Philippe Lejeune Trio
(Ecuries de Baroja / Anglet – 8 et 9
/12)
• Three For Swing (Schneck/Davot/Mucci)
“Hommage à Nat King Cole“
(Anglet - 4 et 5/01)
• Paris Swing Orchestra & André
Villéger
(Bayonne – 18/01)
• Echoes Of Swing
(Anglet - 15 et 16/02)
• Dmitry Baevsky & Joe Cohn
(Anglet – 1 et 2/03)
• Dmitry Baevsky – Joe Cohn Quartet
(Bayonne – 4/03)
• Tuxedo Big Band
(Bayonne – 25/04)
Stan Laferrière
![To my guitar heroes001](files/to-my-guitar-heroes001.jpg)
CD1 :
Djangobop - For Patrick - Swing 744 - Pretty Baby -
Francis Waltz - The Moon Drives Me Loon - Them There
Eyes - Solitude - Philvalse.
Durée : 34’55.
Stan Laferrière (acc. g), Aurélie Tropez (cl), Jacques
Schneck (p), Jean-Yves Dubanton (b), Déborah Tropez
(wsb)…
CD2 :
Good Luck - Sous le ciel de Paris - What For ?
- Blue On West Side - How Blue Is My Heart ? -
I’ve Never Been In Love Before - Jam Hill - Pick
Yourself Up - Wes Point - In The Meadows - Blue On West
Side.
Durée : 49’11.
Stan Laferrière (él. g), Pierre Christophe (p), Raphaël
Dever (b), Laurent Bataille (dms)…
Voilà une production aussi réussie qu’inattendue.
Nous savions tous que Stan Laferrière jouait (fort
bien) de la guitare. De là à imaginer qu’il
sortirait un jour un double CD en tant que guitariste
leader… Dans quelques lignes écrites sur
l’emballage, Stan donne une partie de
l’explication : « La guitare est
finalement l’instrument pour lequel j’ai le
plus d’affection et qui me rend heureux en toutes
circonstances. Cet album représente pour moi une sorte
de récréation jubilatoire. » Pour nous
aussi…
Le premier CD fait entendre Stan sur l’instrument
acoustique dans une esthétique Django Reinhardt.
Au-delà de l’aisance du leader dans un style
qu’il a longuement pratiqué au sein d’Alma
Sinti, par exemple, il faut souligner deux éléments
particulièrement heureux. D’abord la présence de
la jeune et talentueuse clarinettiste Aurélie Tropez.
Ensuite la qualité des nombreuses compositions de
Stan qui sont non seulement en totale harmonie avec le
projet musical mais relèvent toute d’une vraie
inspiration mélodique. Stan Laferrière est un excellent
compositeur. Ce n’est pas un scoop. On peut
d’ailleurs aussi le vérifier dans le second CD.
Ce second CD, dans une atmosphère bop (même la prise de
son évoque les années 50), est celui qui, à mon avis,
révèle le mieux les capacités d’improvisateur de
Stan à la guitare, ici électrique. Dans son avant
propos, Stan cite quelques-uns de ses principaux
inspirateurs. On retrouve naturellement plein de noms
connus, incontournables… J’ai aussi noté
la présence d’un guitariste souvent oublié, Billy
Bean. Quoi qu’il en soit, cette seule session
suffit pour compter Stan parmi les dignes représentants
de la corporation. Elle est également remarquable par
l’homogénéité et le swing d’ensemble du
quartette.
Cet album est dédié à Patrick Saussois et Lodie Serrano
qui, comme chacun sait, vivent des moments difficiles.
Ce n’est pas écrit sur le disque mais la recette
leur sera intégralement versée. Bravo à Stan et Black
& Blue pour cette initiative. Si vous avez du mal à
vous procurer cet enregistrement, vous pouvez le
commander en envoyant un chèque de 25 euros à l'ordre
de Stan-Music, 146 quai Louis Blériot, 75016 Paris.
![Duke in the air002](files/duke-in-the-air002.jpg)
Ce nouveau CD du Big Band de la Musique de l’Air propose un programme intégralement Ellington. Il comprend deux types d’arrangements, ceux relevés sur les disques d’Ellington et des originaux.
Pour les arrangements ellingtoniens, Stan a eu la bonne idée de choisir une majorité d’enregistrements méconnus. C’est ainsi que le CD s’ouvre avec la Deep South Suite, une œuvre que Duke n’enregistra intégralement que deux fois, à l’automne 1946. Seul Happy Go Lucky Local connu le succès. Encore que There Was Nobody Looking, le mouvement pour piano (non retenu ici), ait été récemment remis à l’honneur par des pianistes comme Louis Mazetier et Bernd Lhotzky. Toujours parmi les relevés, on remarque le magnifique Chromatic Love Affaire de 1967. Pour brouiller un peu plus les pistes, les solistes de ces œuvres ellingtoniennes s’éloignent passablement des originaux. Cela fera grincer quelques dents. On ne peut pas plaire à tout le monde.
La partie le plus intéressante du CD est, selon moi, à chercher parmi les standards ellingtoniens. Là, l’arrangeur Stan Laferrière, s’il respecte les mélodies originales, s’il se permet quelques emprunts au maître, quelques citations, quelques démarcations, quelques détournements, fait constamment du Stan Laferrière. La subtilité des alliages sonores, la fluidité, la légèreté, la poésie, l’humour, la musicalité, tout porte la signature de Stan Laferrière. Il fallait sa personnalité très affirmée pour, à partir du répertoire et du style ellingtonien, proposer un ensemble aussi original et homogène.
Guy Chauvier
Quatre nouveaux “Cabus“
La collection “Jazz Masters Cabu“ vient de
s’enrichir de quatre nouvelles références, quatre
merveilles de concision, de densité,
d’intelligence, de présentation… Comme
d’habitude !
![Evans](files/evans.jpg)
![Kessel](files/kessel.jpg)
Je me souviens d’un guitariste célèbre qui trouvait le jeu de Kessel conformiste. « Trop de phrases toutes faites », disait-il… Il est vrai que Kessel utilisait volontiers quantité de tournures usuelles mais, ce que ses détracteurs oublient de dire, c’est qu’il les utilisait comme des éléments totalement fondus dans des développements personnels toujours parfaitement clairs et logiques. Et c’est sans doute ce qui agaça aussi, la « clarté », la « logique », la simplicité apparente, à une époque où la musique, et singulièrement la guitare, s’exprimait chaque jour davantage avec complexité, voire confusion… Quelle que soit votre sensibilité aux questions de style, il y a constamment dans la musique de Kessel deux autres qualités essentielles qui devraient faire l’unanimité des amateurs de jazz, le swing et le sens du blues. Vous ne trouverez pas ici une seule interprétation pour les démentir ou même seulement les mettre en question.
![Blakey](files/blakey.jpg)
Guy Chauvier
![Young](files/young.jpg)
Marc Richard
Patrick Saussois - Rhoda Scott
![Saussois Scott 001](files/saussois-scott-001.jpg)
Enregistré en mars 2009.
C'est beau, un trio. Surtout quand ils sont quatre.
Ici, Rhoda Scott, Patrick Saussois, Lucien Dobat
et
Burt Bacharach.
Burt Bacharach, donc. L'auteur de grands succès dans
les années 60 et 70, de musiques de film, de romances,
le roi de l' « easy listening », si ça
veut dire quelque chose, celui qui a le mieux réussi à
traduire l'insouciance, la légèreté et toute la palette
des sentiments environnants en notes de musique. Tom
Jones ou Dionne Warwick l'ont interprété, c'est dire si
les amateurs de jazz ne l'ont écouté qu'avec des
pincettes... Sauf que Burt Bacharach est un
compositeur, immédiatement reconnaissable, de la trempe
des Jerome Kern ou des Cole Porter, en phase avec son
époque, capable en quelques notes d'inventer un
standard dont la fraicheur ne semble pas connaître de
date de péremption. Pourtant, rares sont les thèmes,
comme
The Look Of Love,
qui ont eu droit de cité dans le répertoire des
jazzmen, même si certains d'entre eux se sont appliqués
à explorer ce continent-là (Mc Coy Tyner, Diana
Krall...). Une histoire d'époque sans doute, et
peut-être des harmonies qui ne laissent pas
l'improvisateur aussi libre qu'il le souhaiterait.
De cette musique, Rhoda Scott, Patrick Saussois et
Lucien Dobat ont conservé tous les parfums. Les solos
tournent autour de la mélodie avec une sorte de
respect, la paraphrasent plus ou moins, et brodent de
jolis contrepoints. Inutile de rappeler combien une
Rhoda Scott peut swinguer sur un Hammond tout en
rondeurs, inutile de démontrer ce qu'un Patrick
Saussois peut apporter de classe et de présence sur une
guitare. Il y a dans ce disque des qualités qui se font
rares, me semble-t-il, puisque dès la première note on
est happé par un son, un style, un esprit, et ce n'est
pas si fréquent de tomber sur un disque enregistré avec
un vrai projet, une production soignée et une belle
unité, un disque qui s'écoute et ré-écoute sans
lassitude aucune. J'en fais encore l'expérience. Un
« Tribute To Burt Bacharach » qui vaut son
pesant de cristal.
Dominique Périchon
Orphéon Célesta
![Orphéon001](files/orphe0301on001.jpg)
Emmanuel Hussenot (cnt, voc, arr), Philippe Audibert
(cl, ts, ss, voc), Daniel Huck (as, ts, cl, ss, voc),
Patrick Perrin (souba), Patrick Diaz (bj). Meudon,
1981.
Dans l’interview qu’il accorda à Jazz
Classique en novembre 2009, à la question « Que
mettrais-tu dans ton best of ? », Daniel Huck
accorda une place de choix à l’Orphéon.
« Les disques de l’Orphéon sont sans doute
parmi les meilleurs mais le mieux serait sans doute de
mettre le Clarinet Marmelade de You Tube. » Au cas
où vous n’auriez pas entendu (et vu) ce Clarinet
Marmelade, vous le trouverez dans notre rubrique
“Vidéo“ (classé à Huck). You tube était
jusqu’à présent bien pratique car aucun des
quatre LP enregistrés par l’orchestre avec le
concours de Daniel Huck n’était disponible. Grâce
à Olivier Brard, le premier de ces LP,
“C’est pas de la tarte !“, vient
de revoir le jour. Le moins que l’on puisse dire
est que cette réédition est totalement opportune. Elle
remet d’emblée en évidence la qualité très rare
qui animait la swingante musique de l’Orphéon à
cette époque : l’énergie, le dynamisme,
l’intensité, la force, la vigueur… Quand
vous comparez les enregistrements “vieux
style“ européens avec les originaux américains
des années 20 et 30, vous êtes presque toujours frappé
par la plus grande vitalité des anciens. Mais pas ici.
Daniel Huck, Philippe Audibert, Patrick Diaz envoient
grave (2) ! Et c’est sans doute avant tout
pour cela que la musique de l’Orphéon continue à
nous surprendre et à nous enthousiasmer. Même si elle a
d’autres mérites…
Guy Chauvier
(1) Les internautes des Alpes Maritimes et du Var
seront peut-être content de savoir que le même label
vient de publier “Dans les rues
d’Antibes“, un nouvel opus de Swing Parade,
l’orchestre du saxophoniste soprano Gérard
Bréaudat, disciple de Sidney Bechet.
(2) Ou « cognent dur », pour ceux qui ne
lisent pas le français moderne.
Jean-Pierre Bertrand : Hep Cat Shuffle
![Bertrand001](files/bertrand001.jpg)
Jean-Pierre Bertand (p), Guy Bonne (cl, ts), Francis
Guéro (tb), Gilles Chevaucherie (b), Nicolas Peslier
(g), Simon Boyer (dms). Paris, novembre 2009.
Je reçois toujours avec un préjugé favorable un disque
de Jean-Pierre Bertrand. D’abord parce que
Jean-Pierre figure depuis longtemps parmi les meilleurs
pianistes de boogie woogie, un aréopage très restreint,
tant il est vrai que l’on rencontre dans ce
domaine de nombreux “musiciens“ qui ne
brillent ni par leur swing, ni par leur maîtrise
instrumentale, ni par leur imagination. Si
l’Allemand Frank Muschalle est aujourd’hui,
à mon avis, le maître incontestable du genre,
Jean-Pierre est assurément un de ses dauphins. La
seconde raison expliquant mon intérêt pour les
enregistrements de Jean-Pierre Bertrand est que notre
pianiste ne cesse de s’affirmer dans tous les
domaines, la technique, le style, etc. Je me permets
d’emprunter à un connaisseur, Louis Mazetier, les
trois dernières phrases du texte que vous lirez sur
l’emballage du CD :
« Je
l’ai vu progresser à pas de géant pour atteindre
la maîtrise et l’ouverture qu’il a
aujourd’hui acquises, Je pense qu’il signe
là son meilleur disque, plein de tonus, d’émotion
et de bonheur. Vous partagerez ce plaisir avec moi,
j’en suis certain. »
La réussite de Hep Cat Shuffle m’en a rappelé une
autre, elle aussi due à des musiciens français, celle
du “Go To New Orleans“ des Wooden Heads (CD
sorti en 2007). Dans les deux cas nous avons affaire à
des enregistrements très typés, New Orleans avec Wooden
Heads, boogie woogie avec Bertrand. Dans les deux cas,
les orchestres montrent une homogénéité totale, dans la
maîtrise du style, le niveau de jeu, et atteignent une
cohésion et une efficacité rares à une époque où ces
orchestres ne jouent plus qu’épisodiquement. Pour
le présent CD, cela s’explique par le fait que
Jean-Pierre Bertrand a fait un superbe casting, en
choisissant d’abord d’authentiques et
émérites jazzmen, ce qui est loin d’être toujours
le cas dans les orchestres de boogie, très “rock
n’ roll“. Il y a d’ailleurs ici un
musicien qui participe également aux Wooden Heads,
c’est Guy Bonne. Si vous aimez sa clarinette
typiquement Nouvelle-Orléans, vous la retrouverez
dans
See See Rider,
entre autres. A ses côtés, des solistes du même
calibre, Francis Guéro au trombone et Nicolas Peslier à
la guitare qui, tous les deux, pratiquent différents
registres et bonifient tout ce qu’ils touchent,
sans oublier le piano du patron, évidemment. Mais tout
cela ne pourrait fonctionner sans le soutien oh combien
stimulant du tandem rythmique constitué par Gilles
Chevaucherie et Simon “Hep Cat Shuffle“
Boyer. Ajoutons une dernière fleur : le répertoire
est intelligemment choisi pour évider les rédites, même
quand il fait appel au blues. Vous entendrez ici, par
exemple, les riffs du
You Need To Rock
de Johnny Hodges (1), un musicien apparemment inconnu
de la plupart des actuels spécialistes du boogie et du
blues, un comble !
Guy Chauvier
(1) Ce
You Need To Rock
figurait dans le fameux “Side By Side“, et
non dans “Back To Back“ comme
l’écrivit André Vasset dans le bulletin HCF. Cela
dit, La chronique “descriptive“ de
“l’impitoyable“
“musicologue“ est constamment
“réjouissante“, à défaut d’être
“passionnante“ :
« Sur
une partie de piano accueillante portée par une
pulsation alléchante, trombone et ténor lancent un riff
réjouissant puis passent à un second riff avant les
solos de la guitare, mobile et passionnante, du
trombone, à l'éloquence captivante, du piano, au jeu
fleuri et plein d'envolée, de la contrebasse, bourrée
d'énergie ; le morceau se termine par un retour au riff
du début toujours sous la poussée d'une batterie
impitoyable. »
Et dire que l’on songe à reculer l’âge du
départ à la retraite !
The Complete Louis Armstrong
![Armstrong vol 8001](files/armstrong-vol-8001.jpg)
CD 1
:
Louis Armstrong and his Orchestra
(Fleischmann’s Yeast Radio Show - 04 &
06/1937) • 1. Theme & I’ve got a Heart
full of Rhythm 2’55 • 2. You, rascal you
3’12 • 3. On the sunny side of the street
3’30 • 4. After you’ve gone 2’40
• 5. Rhythm jam 2’47 • 6. That’s
what I like 3’16 • 7. Memories of you
3’05 • 8. Chinatown, my Chinatown 2’43
• 9. Ida 2’02 • 10. Darling Nelly Gray
(w. The Mills Brothers) 2’54 • 11. The love
bug will bite you 2’16 • 12. Lazy river
3’13 • 13. Washington and lee swing
2’48 • 14. I got rhythm 3’03 •
15. I know that you know 3’02 • 16.
Rockin’ chair 3’24 17. Sugar foot stomp
2’36 • 18. Bugle blues 2’44 • 19.
Hustlin’ and bustlin’ for baby 3’07
• 20. Shoe shine boy 3’06 • 21. Will
you do a stomp? 2’22 & finale (sleepy time
down south) 1’30.
CD
2
:
Louis Armstrong & the Mills Brothers • 1.
In the shade of the old apple tree (tk.a) 2’17
• 2. In the shade of the old apple tree (tk.b)
2’15 • 3. The old folks at home (Swanee
river) 2’21 • Louis Armstrong and Martha
Raye & Orchestra (film “artists and
models” - 05/1937) • 4. Public melody number
one 6’45 • Louis Armstrong and his Orchestra
• 5. Public melody number one 3’09 • 6.
Yours and mine 2’41 • 7. Red cap 3’07
• 8. She’s the daughter of a planter from
Havana 3’16 • 9. Alexander’s ragtime
band 2’33 • 10. Cuban Pete 3’05 •
11. I’ve got a heart full of rhythm 3’07
• 12. Sun showers 2’41 • Louis
Armstrong & Brass Band (films “Every
day’s a Holiday” - 10/1937) • 13.
Jubilee 2’09 • Louis Armstrong and his
Orchestra • 14. Once in a while 3’06 •
15. On the sunny side of the street 2’56 •
Louis Armstrong and his Orchestra • 16. Satchel
mouth swing 2’33 • 17. Jubilee 2’34
• 18. Struttin’ with some barbecue
2’56 • 19. The trumpet player’s lament
2’52 • 20. I double dare you 2’56
• 21. True confession 3’04.
CD
3
:
Louis Armstrong and his Orchestra • 1. Let
that be a lesson to you 2’32 • 2. Sweet a
song 3’03 • Louis Armstrong and his
Orchestra • 3. So little time (and so much to do)
2’41 • 4. Mexican swing 2’37 • 5.
As long as you live… 2’13 • 6. When
the Saints go marchin’ in 2’41 • 7. On
the sentimental side 2’25 • 8. It’s
wonderful 2’34 • 9. Something tells me
2’30 • 10. Love walked in 2’28 •
Louis Armstrong with the Mills Brothers • 11. The
flat foot floogie 2’57 • 12. The song is
ended 3’08 • 13. My walking stick 2’40
• Louis Armstrong with the Decca mixed chorus
• 14. Shadrack 2’28 • 15. Going to
shout all over god’s heaven 2’47 • 16.
Nobody knows the trouble I’ve seen 3’10
• 17. Jonah and the whale 2’46 • Louis
Armstrong and his Orchestra • 18. Naturally
2’46 • 19. I’ve got a pocketful of
dreams 2’52 • 20. I can’t give you
anything but love 2’53 • 21. Ain’t
misbehavin’ 2’55 • Louis Armstrong
monologues/speeches • 22. Elder Eatmore’s
sermon on throwing stones 4’15 • 23. Elder
Eatmore’s sermon on generosity
4’20.
Le premier CD de ce huitième coffret Frémeaux satisfera
tous ceux qui n’ont pu se procurer les
enregistrements du Fleischmann’s Yeast Show,
publiés pour la première fois en 2008 sur Jazz Society
(chronique dans Jazz Classique n°52, septembre 2008).
Sachez toutefois que, pour avoir la totalité du Jazz
Society, il faut aussi se procurer le volume 7, sinon
il vous manquera trois titres. Parmi les éditions
posthumes d’enregistrements de Louis Armstrong,
celle-ci occupe une place de choix pour diverses
raisons : la forme exceptionnelle du trompettiste,
la présence de huit morceaux qu’il interprète ici
pour la première et dernière fois, la mise en valeur du
formidable orchestre de Luis Russell, et notamment de
son batteur, Paul Barbarin, bien servi par la prise de
son, les arrangements de Chappie Willet…
La suite contient un nombre impressionnant de
chefs-d’œuvre du catalogue Decca.
C’est le Louis Armstrong de la maturité, au jeu
posé, sobre, à la sonorité pleine et puissante, dans
toute sa splendeur. L’improvisation est moins
exubérante que précédemment mais l’inspiration
mélodique est toujours aussi vive. Je ne comprends rien
aux réserves de Daniel Nevers dans le texte du
livret : « Louis
Armstrong n’a rien perdu de son éclat même si,
parfois, le soleil tend à se voiler… C’est
justement ce qui arrive lors des sessions du 13 et 18
mai 1938, à New York cette fois. Le matériau (So Little
Time, As Long As You Live) n’est guère
passionnant […] »
Non, franchement, ni la trompette du chef, ni le
“matériau“ ne me paraissent porter les
stigmates d’un déclin.
Le coffret se termine avec les deux sermons, Elder
Eatmore’s Sermon… Comme il s’agit de
textes humoristiques parlés (écrits, d'après Irakli,
par un certain Alex Rogers), vous serez peut-être
intéressé de savoir que ces deux textes ont été publiés
dans le bulletin du HCF, numéros 239 et 242, en 1974,
avec une traduction tarabiscotée de Madeleine Gautier.
Nevers, qui n’a pas lu ces bulletins (il avoue
que le sens des paroles prononcées par Armstrong lui
échappe) et ne sait pas trop quoi dire à propos de ces
sermons, se contente de recopier les lignes que leur a
consacré Hugues Panassié dans son Louis Armstrong.
Panassié, pourtant fort décrié par le compilateur, est
parfois bien pratique.
Guy Chauvier
Sad Blues
Nous avons récemment appris les disparitions des
batteurs
Calvin Shields
(5 janvier 2010) et
Ed Thigpen
(13 janvier), de la chanteuse
Etta Cameron
(4 mars), du guitariste
Diz Disley
(22 mars), de la chanteuse
Marva Wright
(23 mars), du guitariste
Herb Ellis
(28 mars), du pianiste
John Bunch
(30 mars), du tromboniste
Mike Zwerin
(2 avril) et du pianiste
Hank Jones
(16 mai).
Nouveau club de jazz à Aix-en-Provence
Disparition de Roger Guérin
![RogerGuerin](files/rogerguerin.jpg)
Le trompettiste Roger Guérin s'est éteint le samedi 7 février. Sa carrière, commencée chez Aimé Barelli en 1947, fut d'une richesse exceptionnelle. Ses obsèques se dérouleront mercredi 10 février à 10h aux Saintes Maries de la Mer.
La Maison du Duke
![Logo_LMDD_Vok6-med](files/logo_lmdd_vok6-med.jpg)
NEWS
Collection du docteur Clavié
La Maison du Duke vient de faire l'acquisition de la collection du docteur Clavié : 300 bandes magnétiques représentant 650 heures de concerts de Duke Ellington de 1945 à 1970. Nos experts ont entrepris de trier, identifier, référencer, avant de procéder à leur numérisation. A suivre ! ...
Tarifs
Le tarif des conférences a été revu à la baisse dans le but d’être accessible au plus grand nombre. L'occasion de (re)découvrir chaque mois un thème de l'univers du Duke, présenté nos éminents spécialistes.
Le site
La Maison du Duke a ouvert son site, tout nouveau tout beau ... . N'hésitez pas à le consulter pour vous tenir au courant des nouveautés : www.maisonduduke.com
Adhésion
Votre soutien nous est précieux. N'hésitez pas à télécharger le formulaire d'adhésion et profitez des avantages de la Maison du Duke.
A bientôt ...
Les prochains rendez-vous à l'Entrepôt
7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris - M° Pernety
Samedi 13 février, Duke Ellington CONFERENCE
de 10h30 à 12h30
Sujet : Billy Strayhorn l’alter ego, par Claude Carrière
Conférences musicales thématiques mensuelles pour explorer l'univers de Duke Ellington. Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans
Jeudi 18 février, soirée DUKE ORCHESTRA
répétition publique à 20h30, concert commenté à 22h
The Far East Suite : Impressions du Proche et Moyen Orient. L'album culte ! Avec Didier Desbois, Aurelie Tropez, Fred Couderc, Nicolas Montier, Philippe Chagne (saxes- clarinettes), François Biensan, Franck Delpeut, Richard Blanchet, Franck Guicherd, (trompettes), Jean-Louis Damant, Guy Figlionlos, Guy Arbion (trombones), Philippe Milanta (piano), Pierre Yves Sorin (contrebasse), François Laudet (batterie), Laurent Mignard (direction), Claude Carrière (chroniqueur).
Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans.
Samedi 13 mars, Duke Ellington CONFERENCE
de 10h30 à 12h30
Sujet : Mélodie et contrepoint par François Théberge
Conférences musicales thématiques mensuelles pour explorer l'univers de Duke Ellington. Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans
Réservations : contact@maisonduduke.com
Toutes les infos sur : www.maisonduduke.com - www.myspace.com/lamaisonduduke
Deux CD d'Harry Allen
![Caillaud Allen](files/caillaud-allen.jpg)
![Allen Sportiello](files/allen-sportiello.jpg)
Guy Chauvier
Tap dance
![tap dance](files/tap-dance.jpg)
Isabelle
Marquis
La Maison du Duke
Rejoignez la Maison du Duke !
La
Maison du Duke a été fondée en septembre 2009 pour
fédérer les passionnés, et contribuer au rayonnement de
l’oeuvre de Duke Ellington. L’association
est représentée par Claude Carrière (président
d’honneur), Christian Bonnet (président),
Philippe Baudoin (vice président), Laurent Mignard,
Claudette de San Isidoro, Isabelle Marquis, Aurélie
Tropez.
Les activités 2009-2010
Les soirées de Duke Orchestra
Un
jeudi soir par trimestre, le Duke Orchestra présente un
programme thématique et anime un nouveau format de
rencontre, avec répétitions publiques, concert
commenté, des invités ...
jeudi
17 décembre. le Duke Orchestra invite Patrick
Artero.
Patrick Artero fête sa Victoire de la Musique avec la
grande famille des musiciens. Répétition publique et
concert commenté sur le thème "Duke Ellington french
touch". A partir de 20h00 à
l'Entrepôt
jeudi
18 février. The
Far East Suite -
Impressions du Proche et Moyen Orient - L'album culte
jeudi
15 avril. Duke Ladies –
La femme selon Duke
Duke Ellington Conference
Un
samedi matin par mois à l’Entrepôt, un collège de
spécialistes anime un cycle de conférences thématiques
pour explorer l’univers de Duke Ellington.
Samedi 14 novembre : Duke Ellington Panorama - Claude
Carrière
Samedi 12 décembre : Le Blues chez Duke Ellington
– Philippe Baudoin
Samedi 16 janvier : Les saxophonistes chez Ellington
– François Théberge
Samedi 13 février : Billy Strayhorn,
l’alter ego – Claude Carrière
Samedi 13 mars : Mélodie et contrepoint –
François Théberge
Samedi 10 avril : Les trompettistes chez Ellington
– François Biensan
Samedi 29 mai : Le Duke et ses Suites – Claude
Carrière
Samedi 19 juin : Duke Ellington pianiste
Le samedi matin de de 10h30 à 12h30 à l’Entrepôt
- 7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris - M°
Pernetty
Tarif : 20 € -
réduit adhérents : 10 €
-
musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs : 5
€
Inscriptions
-
par mail contact@maisonduduke.com - par
téléphone Claudette de San Isidoro : 01 40 09 96
07
Les collections privées
Sur
rendez-vous (adhérents VIP), un accès aux collections
des collectionneurs de la Maison du Duke : disques,
partitions, documents …
Les conditions d'adhésion
Option 1.
Adhésion simple à
la « Maison du Duke » : 15 € / saison
- tarif réduit / soirées à l’entrepôt
: 5 € au lieu de 7 €
-
tarif réduit / master class
: 15 € au lieu de 20 € - forfait 8 séances 80
€
- tarif réduit / CD et T-Shirt Duke Orchestra
: 10 € au lieu de 15
€
Option
2.
Le PASS « Maison du Duke » : 100
€ / saison
- entrée libre aux soirées à l’Entrepôt et
placement VIP
- entrée libre au programme « Connaissance
d’Ellington »
- cadeau / CD ou T-Shirt Duke Orchestra
- cadeau / invitation aux concerts du Duke Orchestra
(dans la limite des places disponibles)
- libre accès (sur rendez-vous) aux collections privées
(disques, partitions, documents rares) des
collectionneurs (Philippe Baudoin, Claude
Carrière)
CD from New Orleans
JUANITA BROOKS. More Jazz. Autoproduction. Bye Bye Blackbird - Sunny Side Of The Street - Birth Of The Blues - What Wonderful World - Basin Street Blues - I ‘ve Got Rhythm - I Hear Music - Down By The River Side - Ain’t Gonna Study War.
Juanita Brooks (voc), Mark Brooks (b), Detroit Brooks (g), Darrell Lavigne (p), Bunchy Johnson (dms). La Nouvelle-Orléans, 2007.
Vente en ligne sur www.louisianamusicfactory. com.
Voilà, hélas, le dernier CD de la merveilleuse Juanita Brooks, récemment disparue prématurément à l’age de 55 ans. Si vous ne la connaissez pas, il n’y a pas à hésiter. Parmi toutes les bonnes chanteuses de la N.O., Juanita était la plus originale, celle qui avait le plus de charisme, c’était un personnage hors du commun ! Dans ce CD, elle s’attaque avec brio à de grands standards du jazz, mais elle était aussi fantastique dans les gospels où elle se montrait la plus authentique descendante de Mahalia Jackson.
WILLIE NELSON - WYNTON MARSALIS. Two Men With The Blues. Blue Note 50999 5 04454 2 4. Bright Light Big City - Night Life - Caldonia – Stardust - Basin Street Blues - Geogia On My Mind - Rainy Day Blues - My Bucket’s Got A Hole In It - Ain’t Nobody’s Business - That’s All.
Willie Nelson (voc-g), Wynton Marsalis (tp-voc), Walter Blanding (s), Mickey Raphael (hcm), Dan Nimmer (p), Carlos Henriquez (b), Ali Jackson (dm). Enregistré “live“ à New york les 12 et 13 janvier 2007.
Alliance réussie du meilleur de la country et d’un excellent jazz. Du swing d’un bout à l’autre du CD. De bons arrangements et riffs. Wynton égal à lui-même. Mention spéciale à Rainy Day Blues, Georgia et My Bucket’s Got A Hole In It. Indispensable.
THE SPIRIT OF NEW ORLEANS. Live In Barcelona, 2006 (26 mars ). Blue Moon-BMCD 2007.
Vente en ligne chez www.louisianamusicfactory. com.
C’est l’écho d’une tournée Européenne d’un sensationnel all stars de la Nouvelle-Orléans emmené par Mark Braud (tp) avec Evan Christoper (cl), Lucien Barbarin (tb), Steve Pistorius (p), Walter Payton (b), Gerald French (dm) et Rob Espineau (Souba). Nous les avons entendus à Paris quelques jours après cet enregistrement. Le répertoire est des plus classique : Just A little While, Bogalusa Strut, Hindustan, Girl Of My Dreams (Lucien Barbarin au sommet de sa forme), Bourbon Street Parade, etc. Mais il permet à chaque soliste d’exprimer son grand talent. Chaudement recommandé aux amateurs de belle musique New Orleans d’aujourd’hui.
Jean-Marie Hurel