Philippe Pilon

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PHILIPPE PILON QUARTET. Take It Easy. Black & Blue BB 714.2. Take It Easy - Blue Turning Grey Over You - Never Too Late - Ghost Town - Take A Chance - Sulkin’ - Chicken Walk - I Found A New Baby - L’Elfe - How Long Blues.

Une bonne partie de la meilleure production discographique actuelle se situe aux frontières du mainstream et du bop. Le disque de Philippe Pilon entre dans cette catégorie. Il en est même un des plus beaux spécimens récents, sinon la perle. C’est une très bonne surprise, d’autant que ce jeune musicien (né à Suresnes en 1973), ne compte pas encore parmi les plus connus du jazz hexagonal. Gageons que ce disque totalement réussi changera un petit peu la donne. Voilà donc un nouveau saxophoniste ténor, avec une belle qualité de son, un phrasé relaxe, du goût pour les histoires bien construites, une grande variété rythmique... Il allie la robustesse des Texans et une grâce toute getzienne sans oublier, évidemment, Lester Young qui fut un de ses premiers maîtres.
Le charme du CD vient également des six thèmes originaux, tous signés par le saxophoniste, des thèmes en totale osmose avec le style de l’instrumentiste, des thèmes qui chantent, qui donnent envie de chanter. Et quand il reprend un standard, Philippe Pilon se l’approprie, le rajeunit. Ecoutez-le exposer
Blue Turning Grey
Je ne surprendrai personne en affirmant que la rythmique formée par Pierre Christophe (p), Raphael Dever (b) et Guillaume Nouaux (dms) est idéale. Deux invités, les trompettistes Julien Alour et Jérôme Etcheberry, participent eux aussi avec bonheur à cinq titres.
Take It Easy, une véritable profession de foi !

Guy Chauvier

Expositions

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"L'Arbre du Jazz", "Dansons le Jazz" et "Les Coulisses du Jazz", trois expositions conçues par Philippe Baudoin et Isabelle Marquis, seront aux Médiathèques d'Orléans pendant la durée d'Orléans Jazz, du 11 juin au 2 juillet. On les retrouvera aux Nuits du jazz de Vauvert du 7 au 16 juillet (Espace Jean Jaurès).
L'Arbre du Jazz est en ce moment (jusqu'au 21 mai) à La Maison du Printemps de l'Espace du Palais à Rouen.

Guy Bonne

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GUY BONNE. First improvise, then organize. Mac Production. I’ll Be With You In Apple Blossom Time - When My Dreamboat Comes Home - Make Me A Pallet On The Floor - Girl Of My Dreams - Nineteen Nineteen Rag - I Wish’t I Was In Peoria - Algiers Strut - Girl Of My Dreams - Crying Out Of My Heat For You - Linger Awhile - I’ll Take You Home Again Kathleen.

Cela fait pas mal d’années que les bonnes nouveautés de jazz Nouvelle-Orléans se font rares. Réjouissons-nous cependant en constatant que deux des tout meilleurs CD sortis récemment ont été enregistrés chez nous par des musiciens du cru : celui des Wooden Heads en 2007, « First improvize, then organize » aujourd’hui. La qualité superlative de la musique de ce second enregistrement ne nous a absolument pas surpris dans la mesure où les deux disques possèdent en commun un solide argument : Guy Bonne. Dans notre numéro 47, pour saluer la sortie du Wooden Heads, nous vantions les multiples mérites du clarinettiste. Le disque qu’il publie sous son nom, où il est le plus souvent au premier plan, illustre encore davantage ses qualités : beauté du son, variété et vitalité du phrasé, inspiration, justesse du style, émotion, maîtrise technique… C’est bien simple, vous pouvez écouter Guy après n’importe quelle figure historique de l’instrument, il fait le poids ! Voilà qui n’est pas courant…
Le CD a été conçu à partir de deux séances, l’une en quartette avec Jacques Schneck (p), Christophe Davot (g) et Raphael Devers (b), l’autre en sextette avec Francis Guéro (tb), Pierre Jean (p), Ziggy Mance (g), Sébastien Girardot (b) et Stéphane Roger (dms). Excellent casting !
Le choix des partenaires était primordial car il s’agissait de jouer une musique avant tout spontanée et collective. On connaît les affinités de la plupart de ces musiciens avec la Cité du croissant : Stéphane Roger, Sébastien Girardot, Pierre Jean, Christophe Davot, sans oublier l’excellent Francis Guéro qui s’impose chaque jour davantage comme un des meilleurs spécialistes du trombone New Orleans. Reste que les autres ont su s’adapter avec intelligence et sensibilité. Jacques Schneck, par exemple, que l’on entend abondamment, et depuis longtemps, dans des contextes très différents de celui-ci, s’exprime là avec une grande sobriété, un goût mélodique et rythmique en parfaite situation. Je vous recommande son solo de Make Me A Pallet On The Floor.

Guy Chauvier

Pour Cécile (McLorin Salvant) et Denise (King)

Si le jazz conserve aujourd’hui une certaine popularité, il le doit exclusivement à ses vocalistes, des femmes essentiellement, souvent jeunes. Vous me direz que ces chanteuses et chanteurs ne sont pas toujours très “jazz“. C’est vrai mais beaucoup d’entre eux n’ont pas usurpé leur étiquette. La production discographique est là pour en témoigner. Malheureusement, cette abondante production est rarement enthousiasmante. Ou, si elle l’est, elle le doit souvent en priorité aux accompagnateurs. C’était le cas du dernier Carol Sloane, chroniqué ici même par Alain Tomas. Ken Peplowski y faisait une de ses meilleures prestations en studio ! De Sing !, signé par l’impeccable Fay Claassen, on retient surtout le soutien on ne peut plus stimulant du fameux WDR Big Band de Cologne, le même qui accompagna si bien Maceo Parker dans son hommage à Ray Charles. Wendy Lee Taylor, elle, a choisi la fine fleur des jeunes bopper français : Pierre Christophe, Mourad Benhammou, Fabien Mary, Pierrick Pédron, David Sauzay (1), Xavier Richardeau, Michel Joussein… Le disque est aussi un des derniers témoignages du talent du regretté Luigi Trussardi. Dans un tout autre registre, très intimiste, la chanteuse Paulien Van Schaik avait (c’est la réédition d’un album de 2001) réussi un très joli disque, Tenderly. Mais c’est le swing époustouflant de son seul partenaire, le contrebassiste Hein Vand de Geyn, qui attire d’abord l’attention des amateurs de jazz. En revanche, au sujet du Lady Be Good de Janet Carroll, on peut hélas dire que les interventions de Warren Vaché et Harry Allen jouent plus le rôle de cache-misère que de faire-valoir.

Côté masculin, la moisson n’est pas plus heureuse, au contraire… Nous avons reçu Devil May Care, le dernier Jamie Cullum. Il est plus jazz que le précédent. Ce n’était pas difficile. Ici, comme dans le dernier Count Basie orchestra où il était invité sur Blame It On My Youth, Jamie fait le crooner. Il sait faire. Le problème, c’est que, quel que soit l’angle sous lequel vous considérez sa performance, le timbre, le phrasé (etc.), il n’ a aucune personnalité. Il n’est pas le seul. Je viens d’écouter Rush Of Love, de Mitch Winehouse, un des multiples sous-Sinatra, un sexagénaire anglais, père de la chanteuse Amy Winehouse. Ce n’est pas un mauvais disque, seulement un disque inutile. Passons…

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Et revenons chez les filles. J’espérais beaucoup du dernier Catherine Russel, Inside This Heart Of Mine. J’avais tellement aimé le précédent (2) ! J’ai été déçu. Là, l’environnement n’est pas à la hauteur. Le batteur, notamment, est loin d’être aussi stimulant que James Wormworth, celui de Sentimental Streak, celui aussi que les festivaliers applaudirent à Ascona en 2010. Je n’attendais rien de la chanteuse et pianiste Champian Fulton. Je ne la connaissais même pas. Elle n’a pas le talent de Catherine, elle n’a pas non plus une originalité aussi spectaculaire, mais elle sait s’approprier un standard et swinguer. Ce n’est pas si courant. Son dernier opus, The Breeze And I, s’écoute avec plaisir.

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Cependant, s’il faut sauver deux galettes de l’oubli, je choisis sans hésiter celles de Cécile McLorin Salvant et de Denise King. Rappelez-vous, en avril 2008, jazz classique révélait l’existence d’une très jeune chanteuse franco-américaine qui venait de s’installer en Provence : « Elle participe depuis peu aux activités de la classe d’orchestre de Jean-François Bonnel au conservatoire d’Aix-en-Provence et fit une première apparition publique au Clos des Magnans le 27 mars dernier. Une vidéo du web en conserve la trace : une interprétation de Don’t Explain. C’est peu mais suffisant pour apprécier le talent extrêmement prometteur de Cécile : un beau timbre, très homogène, une tessiture ample, un contrôle de tous les registres, beaucoup de souplesse, une justesse irréprochable, quelques références à Billie (normal avec ce thème) ou Sarah mais déjà de la personnalité, du feeling et un sens évident du jazz. Nous en reparlerons certainement. » Depuis, Cecile s’est beaucoup produite, en France, en Europe et même aux USA où, l’année passée, elle gagna haut la main le concours international de chant du Thelonious Monk Institute. Le Jury était composé de Dee Dee Bridgewater, Dianne Reeves, Al Jareau, Patti Austin, Kurt Elling et Gladys Knight. Excusez du peu ! Elle a aussi enregistré un CD (3) où elle est extrêmement bien entourée : Jacques Schneck (p), Enzo Mucci (g), Pierre Maingourd (b), Sylvain Glevarec (dms) et son mentor, l’excellent et trop rare Jean-François Bonnel (ts et cl). Là encore, à l’exception d’un blues chanté “à l’ancienne“, l’influence principale est celle de Sarah Vaughan ; mais faut-il parler d’influences quand les impressions dominantes sont la fraîcheur et la spontanéité ?

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Denise King cite elle aussi Sarah Vaughan parmi ses inspiratrices, avec Ella Fitzgerald, Nat King Cole et Frank Sinatra. Elle s’exprime néanmoins dans un registre plus moderne, mais toujours très enraciné dans l’histoire du jazz, le blues, le gospel, la soul et toujours swinguant. Dans No Tricks (Cristal Records CR 178 – dist. Harmonia Mundi), la petite formation qui l’accompagne est au même diapason : Olivier Hutman (p), Darry Hall (b), Steve Williams (dms) et Olivier Temime (ts). Il paraît qu’une grande timidité a rendu ses débuts difficiles. Si l’on en croit son chant si expressif et charismatique, elle est manifestement guérie…

Guy Chauvier


(1) On retrouve la plupart de ces musiciens dans l’excellent et dernier CD de David Sauzay, à mon avis son meilleur,
Open Highway. Le ténor y est en compagnie d’Alain Jean-Marie (p), Michel Rosciglione (b), Mourad Benhammou (dms), Fabien Mary (tp) et Michael Joussein (tb).
Chroniqué dans Jazz Classique n°50 :
(2)
CATHERINE RUSSELL. Sentimental Streak. World Village 468075. So Little Time So Much To Do - I’m Lazy, That’s All - Kitchen Man - Oh Yes, Take Another Guess - New Orleans - My Old Daddy’s Got A Brand New Way To Love - South To A Warmer Place - Thrill Me - You Better Watch Yourself, Bub - I’ve Got That Thing - I Don’t Care Who Knows - Broken Nose – Luci - You For Me, Me For You. Durée : 47’05.
Distribution Harmonia Mundi.
Vous ne connaissez peut-être pas encore Catherine Russell mais vous apprendrez vite à la reconnaître. Elle a tout un tas de qualités qui la distinguent de ses consoeurs, à commencer par son timbre, noir, légèrement voilé, parfaitement homogène et, surtout, facilement identifiable.
Pour chaque chanson interprétée, Catherine cite ses sources : Louis Armstrong, Pearl Bailey, Bessie Smith, Ella Fitzgerald, Alberta Hunter, King Oliver, etc. Elle peut en effet jouer cartes sur table, jamais elle ne souffre d’une quelconque comparaison car elle ne copie jamais qui que ce soit. Ici ou là, vous repèrerez peut-être une phrase dont la diction évoquera Ethel Waters, une inflexion à la Bessie Smith, un phrasé inspiré par Armstrong - que sais-je ? -, il n’empêche, toutes les influences sont harmonieusement fondues et la chanteuse fait tout à sa manière. C’est à peine si elle change quoi que ce soit quand le répertoire s’évade du tronc commun des références citées plus haut.
Ce qu’il y a sans doute de plus intéressant, et aussi de plus étonnant, chez Catherine Russell, contrairement à la multitude des chanteuses actuelles (je parle de celles qui ont quelque chose à voir avec le jazz classique) qui s’expriment toutes (ou presque) de façon très travaillée, très contrôlée, très sophistiquée, voire parfois, malheureusement, très apprêtée, c’est qu’elle chante un jazz on ne peut plus classique avec un naturel digne de la grande époque.
En fait, Catherine Russell n’a pas eu à apprendre la musique qu’elle chante, elle la connaît depuis toujours, elle est née dedans puisqu’elle est la fille de Luis Russell, le fameux pianiste et chef d’orchestre qui accompagna notamment Louis Armstrong à partir de la fin des années 20, et de Carline Ray, contrebassiste, guitariste et chanteuse qui s’illustra, entre autres, aux côtés de Mary Lou Williams, The Sweetheart Of Rhythm ou, plus récemment, Wynton Marsalis. Catherine est née en 1956, son papa avait cinquante-quatre ans et devait décéder sept ans plus tard. Une photo du livret la montre à quatre ans dans les bras de Louis Armtrong. Depuis, Catherine est devenue danseuse, puis chanteuse, mais pas toujours de jazz. Elle compte tout de même à son actif une collaboration avec Carrie Smith dans les années 80. Mais c’est en faisant régulièrement le bœuf au Sweet Basil de Greenwich Village, avec Doc Cheatham, dans les années 90, qu’elle va réorienter sa carrière en direction des racines familiales.
En 2006, Catherine Russell produisit un premier CD, “Cat“ (également distribué par Harmonia Mundi). Je ne doute pas que ses admirateurs y trouvent de nombreuses raisons de s’enthousiasmer. “Sentimental Streak“, me paraît toutefois nettement supérieur, à cause du répertoire, plus recentré et plus apte à mettre en valeur la personnalité de la chanteuse, une personnalité aujourd’hui plus affirmée, à cause aussi de la grande qualité des accompagnateurs du dernier enregistrement : James Wormworth (dms), Les Hudon (b), Matt Munisteri (g), Mark Shane (p)… (Guy Chauvier)

(3) Ce CD intitulé tout simplement Cécile McLorin Salvant et le Jean-François Bonnel Paris Quintet a été produit à compte d’auteur. Il est vendu lors des concerts. On peut le télécharger sur I Tunes, Amazon ou CD Baby. Il est également disponible sur le label japonais Agathe.

Quelques fourre-tout, deux, trois anthologies et une intégrale !

Le marché du disque de jazz continue à être majoritairement alimenté par les assemblages les plus divers. En voici quelques échantillons récents :

FREMEAUX & ASSOCIES

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THEY GIVE A VOICE TO THE SAXES (FA 5282) ; THE GREATEST BLACK BIG BANDS (FA 5287). Ces dernières années, Frémeaux a donné beaucoup (trop) d'espace à Jacques Morgantini. Cela nous a valu quelques compiles très “prévisibles“, accompagnées de livrets où, sous la plume sentencieuse du “professeur-musicologue“, on lit une collection affligeante de bêtises. Celle-ci, par exemple : « Il (Lester Young) eut une influence importante sur de multiples saxophonistes, mais sa “descendance“ est loin d'avoir la dimension des “enfants“ de Coleman Hawkins. Tous ses imitateurs n'ont pas su capter l'essentiel de son message, l'âme de sa musique, se contentant de copier la superficie de sa personnalité musicale. On comprend qu'il est plus facile d'être un suiveur de Lester Young en adoptant son volume assez mince que d'acquérir l'énorme son, le vibrato ample, le déboulé de Coleman Hawkins ! » Vous apprécierez pleinement cette citation en sachant que les “suiveurs“ paresseux de Lester Young se nomment Paul Quinichette, Wardell Gray, Dexter Gordon, Zoot Sims, Gene Ammons, Stan Getz (j'en passe)… En effet, aucun de ces musiciens n'a l'avantage d'être choisi par Monsieur Morgantini pour figurer parmi ceux « qui donnèrent une voix aux saxophones ». La musique de Lester est plus “facile“… Nous préférons en rire. Reprenons la phraséologie morgantinienne pour conclure : il est assurément plus facile de rabâcher depuis plus d'un demi-siècle les pires clichés de Panassié que d'acquérir un minimum de rigueur, de méthode dans la maîtrise de l'histoire du jazz, un début de pertinence dans l'analyse musicale, une seule idée qui ne soit pas régurgitée telle quelle…
En revanche, on mettra en toutes les mains JAZZ WEST COAST 1950-1958 (FA 5281). La sélection et les commentaires sont l'œuvre d'un des meilleurs spécialistes du sujet : Alain Tercinet. Remarquons deux inversions : titres 19 et 20 sur le CD 1, 15 et 16 sur le CD 2.

CRISTAL RECORDS

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Le label rochelais publie la collection Original Sound Deluxe où l'on ne trouve pas que du jazz mais où les albums jazz, pour notre grand plaisir, évoquent fortement les anciens et regrettés Sagajazz. Parmi les dernières références, le très frivole et délicieux A JAZZ CALENDAR (CR 331) qui s'organise autour des douze mois de l'année et des sept jours de la semaine. JAZZ LADIES (CR 328) rappellent les multiples anthologies conçues sur ce thème. On y retrouve les mêmes surprises, toujours aussi surprenantes. THE VIRTUOSOS (CR 329) combat sans merci l'idée reçue qui voudrait que virtuosité rime avec superficialité. Et ELECTRIC GUITAR MASTERS (CR 330) chemine intelligemment des chefs-d'œuvre reconnus aux chefs-d'œuvre méconnus. Tout cela a été organisé par Claude Carrière. C'est tout dire.

BDMUSIC

Nous sommes toujours aussi réservés sur la qualité des “BD“. Mais les deux CD, presque toujours bien conçus, rachètent l'entreprise. Alors, si vous recherchez des compilations de
Dinah Washington (1945-1959, des débuts hamptoniens à la période Mercury), Peggy Lee (1941-1960), Memphis Slim (1940-1960)… Celle d'Helen Merrill (due à Claude Carrière) est à mon avis la plus intéressante dans la mesure où elle contient la totalité des séances avec Clifford Brown, la totalité également de l'album Dream Of You (arrangé par Gil Evans), les cinq faces avec Bobby Jaspar, Bill Evans, Oscar Pettiford et Jo Jones, de larges extraits de You've Got A Date With The Blues…

JAZZMASTERS CABU

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Retrouvons encore une fois Claude Carrière et son complice Christian Bonnet chez Cabu, la meilleure adresse pour acquérir à coup sûr une bonne compile. 50 SINGING LADIES (Cabu 551) est l'archétype de la sélection grand public. Mais elle offre aussi à l'amateur, par des juxtapositions inattendues, l'occasion de se rafraîchir la mémoire, voire de redécouvrir quelques perles, le solo de Clifford Brown dans What's New… Dans l'abondante discographie de Woody Herman, les années 40, la seconde moitié surtout, sont toujours citées en priorité. La décennie suivante, brillamment illustrée dans WOODY HERMAN 1949/1959 (Cabu 552), est certainement la plus sous-estimée. La plupart des enregistrements qui constituent le QUINCY JONES 1951/1959 (Cabu 549) ont fait l'histoire. Le premier disque propose l'exceptionnel big band du leader, en insistant sur les faces Mercury. Le second illustre la carrière de l'arrangeur et du compositeur, d'Hampton à Ray Charles, en passant par Gillespie, Basie… ou Salvador. Le SARAH VAUGHAN est du même niveau. Tout commence avec l'incontournable Shulie A Bop. La séance est complète. Tout comme celle qui suit, avec Clifford Brown et Paul Quinichette, autre moment de grâce. Sur le second CD, deux “live“, notamment le “At Mister Kelly“ où la chanteuse réinvente une flopée de standards.

INEGRALE LOUIS ARMSTRONG

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JEEPERS CREEPERS 1938-1941 (Frémeaux & Associés FA 1359). L'intégrale de Louis Armstrong, même avec les fonds de tiroirs, cela a la qualité d'un best of de bien des musiciens. C'est même souvent meilleur. Dans ce neuvième volume, les trois CD couvrent une période qui va de juin 1938 à octobre 1941. En dehors de quinze titres provenant d'émissions de radio, de deux “live“ au Carnegie Hall et de la musique du film Goin' Places, vous trouverez ici quelques-uns des nombreux trésors du label Decca : Confessin', You're A Lucky Guy, Hey Lawdy Mama, la séance avec Bechet, etc.

Guy Chauvier

Les Brown Sisters bientôt en Europe

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Ebony vient de rééditer “Amazing Grace », des BROWN SISTERS. Dans notre numéro 14, de janvier 2001, François-Xavier Moulé, à propos de l’édition originale, écrivait : « Voici la dernière production de la petite compagnie de disques suisse Ebony Gospel Records dirigée par Willy Leiser, bien connu des amateurs de gospel pour son bon goût en la matière, et la qualité des artistes qu'il propose dans ses disques et ses concerts. Après les Ladies Of Song (Ebony EGCD 2008), voici les Brown Sisters, un ensemble de cinq chanteuses originaires de Chicago, et en activité depuis1986. Les cinq filles du Rev. Ben Brown sont encore jeunes, la trentaine, mais elles s'expriment cependant dans le langage classique des années cinquante, celui des Caravans ou des Stars Of Faith. Le répertoire choisi est en grande partie composé d'hymnes (Blessed Assurance, Amazing Grace) et de traditionnels (Ride On King Jesus, Everytime I Feel The Spirit, Were You There, The Blood, etc), avec quelques incursions vers un répertoire un peu plus actuel (May The Lord God Bless You, de James Cleveland, Whisper A Prayer, des Banks Brothers, Give It All Back et Jesus Is The Answer, de Andraé Crouch). Un bon choix de thèmes, bien servi par de très grandes qualités vocales. Il est difficile de dire qui de Vanessa, Phyllis, Andrea, Adrienne ou Lavette a la plus belle voix, car toutes répondent largement aux critères attendus pour une interprétation de qualité. Les thèmes traditionnels bénéficient souvent d'arrangements nouveaux et originaux, ce qui en renouvelle l'intérêt (Were You There, Just A Closer Walk). Le thème Whisper A Prayer est chanté sur un agréable tempo de valse, et King Jesus Is A-Listening, chanté "a cappella", démontre combien les voix des cinq jeunes femmes savent s'accorder à la perfection. L'une d'entre elles, Andrea, tient aussi l'orgue dont elle joue avec de grandes qualités de swing (I've Got A Feeling), aux côtés du pianiste Sylvester Harper et du batteur Terrence Williams. L'équilibre entre les voix et la section rythmique est, de plus, bien trouvé dans cet enregistrement réalisé à Chicago les 12 août et 5 octobre 2000. Un beau disque de gospel traditionnel par un groupe nouveau, à découvrir. Les Brown Sisters sont venues se produire en Europe une première fois en 1999 (en Suisse), il faut espérer que nous aurons l'opportunité de les entendre lors de tournées plus importantes dans les mois à venir ». Ce sera le cas à la fin de l’année 2011 car les Brown Sisters, accompagnées par le pianiste Stanley Stubbs et augmentées par l’arrivée de la soprano Chawanya Hayes, seront en Europe de la fin novembre à la fin décembre.

King Reno : Pierre et le Loup

King Reno
KING RENO DIXIE 8. Pierre rencontre le loup à Dixieland. Vocation records VOC1806/1 (contact : renaud.perrais@wanadoo.fr).

Présentation des personnages : Mes chers enfants et les autres - Parade dixieland - Mais qu’est-ce que le dixieland ? - Duchabada au leitmotiv - Le thème de l’oiseau de Prokovief - Le thème du grand-père - Le thème du canard - Le thème du chat - Le cool jazz - Le thème du loup - Le thème des chasseurs - L’instrument roi de la Nouvelle-Orléans - Le thème de Pierre - Intermède - Un beau matin.
Pierre rencontre le loup à Dixieland : Un beau matin - Un canard se dandine - Un chat chapardeur - Un moucheron, une abeille… - Le grand-père en colère – Un gros loup gris – Pierre élabore un plan – Le plan démarre - Les chasseurs sortent des bayous - Imaginez la marche triomphale - Parade : When the Saints.
La musique dixieland : I’ve Found a New Baby - Sugar Foot Stomp - Struttin’ With Some Barbecue - Baby Won’t You Please Come Home - I Want A Big Butter and Egg Man - Peter’s Theme (alt.) - Wild Wolf Wailing (alt.) - Cat Like Cat (alt.). Durée : 56’30.

Jean-François Bonnel (cornet), Julien Miro (trombone), Gérard Murphy (clarinette), Renaud Perrais (sax ténor), Clément Tardivet (piano & narration), Félix Hunot (banjo, guitare), Mathias Barison (contrebasse), Thierry Lutz (batterie).

Adapter « Pierre et le loup » de Prokofiev en jazz n’est pas une idée neuve mais une bonne idée. Le trompettiste Pee Wee Erwin l’avait fait. Mais qui s’en souvient ? King Reno Dixie 8 reprend ici sa musique qui conserve les motifs de Prokofiev, ainsi que les arrangements de Lou Singer pour cette version française.
Le CD débute par une petite histoire du jazz puis, comme dans l’original, se mêle à la présentation des personnages chacun représenté par un instrument de l’orchestre avec son leimotiv : l’oiseau par la clarinette, le grand-père par le trombone, le canard par le banjo, le chat par le saxophone ténor, le loup par la contrebasse, les chasseurs par la section rythmique et Pierre par la trompette. Chaque présentation donne lieu à des passages musicaux dont certains swinguent avec un réel bonheur.
Le conte proprement dit est narré ensuite avec quelques variations, non dénuées d’humour, assorti de ses illustrations musicales qui dévoilent l’habileté des arrangements exécutés avec souplesse et maîtrise. Lors des représentations de l’œuvre de Prokofiev, les orchestres classiques font appel, en général, à des comédiens de renom. King Reno Dixie 8 a trouvé en la personne de son pianiste, Clément Tardivet, un narrateur particulièrement doué et convaincant.
Enfin, l’orchestre interprète cinq thèmes connus qui complètent l’enregistrement mais aussi certainement le programme lorsque le spectacle est présenté en salle. Ils permettent de mesurer pleinement la qualité des instrumentistes, vrais jazzmen, qui jouent avec conviction sur d’excellents arrangements.
Ce disque, comme vraisemblablement le spectacle dont il est l’écho, mérite de passer dans toutes les oreilles et devant tous les yeux. Il constitue une plaisante initiation au jazz et régale l’amateur. Il témoigne par ailleurs d’un sérieux travail qui mérite des cerises tant pour sa conception que pour son rendu.

Dominique Burucoa

Warren Vaché - John Allred

Vaché site
Warren Vaché - John Allred Quintet. Top Shelf. Arbors records ARCD 19399. Top Shelf - Sweet Pumpkin - Aussieology - Ba-lue BolivarBa-lues - Moonlight in Vermont - Tiny Capers - The Best Thing for You - Spontaneous Combustion - By Myself - My Romance - Whisper Not - East of the Sun - A Parisian Thoroughfare.


Warren Vaché (co & voc), John Allred (tb), Tardo Hammer (p), Nicki Parrott (b, voc), Leroy Williams (dm)
Après « Jubilation » (cf. chronique J.C. n° 53), voici enregistré dix-huit mois plus tard, les 8 et 9 juin 2009, « Top Shelf ». Les musiciens sont les mêmes mais nous n’y retrouvons pas tout à fait la flamme du premier disque.
Le choix du répertoire est ici plus radical comme l’exprime le titre éponyme, dû à la plume de Blue Mitchell (1930 – 1979), en une forme d’adresse expressive. Ce trompettiste, souvent oublié, est une référence pour Warren. Compagnon notamment de Horace Silver, après avoir débuté avec Cannonball Adderley, Mitchell a enregistré une trentaine de disques. On trouvera sur You Tube un portrait d’une dizaine de minutes, dû au producteur Orrin Keepnews, qui éclairera utilement ceux qui ne connaissent pas bien ce grand musicien (http://www.youtube.com/watch?v=sxB-BOBVxP8&feature=fvw), résolument hard bop, maître dans l’art de la ballade. Les autres titres sont des compositions de Ronnell Bright, Thelonious Monk, Clifford Brown, Cannonball Adderley, Benny Golson, Bud Powell… qui témoignent de l’unité stylistique du CD. L’amateur de jazz classique pourrait ne pas pleinement retrouver son univers musical préféré malgré la présence de compositions qui lui seront vraisemblablement plus connues (
Moonlight in Vermont, My Romance ou East of the Sun).
Autre différence de taille, ce deuxième opus est enregistré en studio et non, comme le premier, en direct dans un club. La dynamique de l’ensemble s’en trouve modifiée, en particulier pour ce qui concerne la rythmique. Le pianiste Tardo Hammer est moins excitant, égrenant ses phrases avec parfois une application un peu linéaire, Leroy Williams s’y montre plus intempestif, certes musical, notamment dans de beaux chases, mais moins attaché au swing régulier. Nicky Parrott, chante sans grande conviction
East of the Sun mais assure tout le long une belle partie de contrebasse.
L’intérêt majeur, on pouvait s’y attendre, vient de l’incroyable duo des deux soufflants. Warren et John s’entendent comme larrons en foire. A une époustouflante virtuosité, une souplesse du phrasé exemplaire, en se jouant, il va de soi, des harmonies, ils allient deux des plus belles sonorités de cornet et de trombone et un sens unique de la construction des solii. Cela devrait suffire à contribuer à notre bonheur... Et pourtant, de notre point de vue, tous les ingrédients ne sont pas ici réunis pour nous combler tout à fait… A écouter avant l’achat.

Dominique Burucoa


Ehud Asherie

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EHUD ASHERIE. Welcome To New York. Arbors Records ARCD 19406. Drop Me Off in Harlem - Manhattan Serenade - 52nd Street Theme - Autumn in New York - 42nd Street - Lullaby of Broadway - Somewhere - Harlem Bound - Lovers in New York - Lonely Town - Harlem Strut - Manhattan - Take the "A" Train.

Ehud Asherie, né en Israël, est un pianiste New Yorkais de 30 ans dont le mode d'expression initial est le bop et revendique Bud Powell comme son modèle.
Il a fait irruption sur la scène du piano jazz plus traditionnel il y a environ deux ans, peu après sa découverte d'un disque de François Rilhac qui a suscité chez lui un tel enthousiasme qu'il a décidé de s'intéresser de beaucoup plus près au stride en particulier. Doté d'une technique très sûre, d'une oreille remarquable et d'une volonté indispensable à l'apprentissage d'un tel répertoire, il s'est vite familiarisé avec James P. Johnson et Fats Waller. Avide de tout, il n'a pas tardé à progresser énormément depuis que je l'ai entendu la première fois en Floride il y a deux ans. Nous avons tout récemment joué ensemble en compagnie de Bernd Lhotzky, Chris Hopkins, Rossano Sportiello, Paolo Alderighi et Stéphanie Trick et il nous a tous surpris et enchantés.
Ce CD, enregistré il y a huit mois, ne lui rend qu'imparfaitement justice car il a progressé depuis, et parce que la prise de son et le piano auraient pu être meilleurs.
Les jeunes jazzmen actuels disposent aujourd'hui de l'éventail intégral de tout ce qu'on a pu découvrir et expérimenter dans cette musique depuis Jelly Roll jusqu'à Brad Melhdau, pour ce qui est des pianistes. A eux de choisir ce dont ils ont besoin pour développer un langage personnel. Ehud personnalise cette nouvelle catégorie de musiciens qui n'ont pas décidé de se confiner à un style très spécifique mais préfèrent tenter de concilier dans leur expression une large palette d'influences. On pourra peut être reprocher un côté hybride à sa musique mais je la trouve beaucoup plus intéressante que la recréation servile des grands solos des maitres, car cette démarche permet une créativité et des explorations nouvelles.
Le répertoire du CD est varié, il comporte des standards du jazz, de la comédie musicale américaine, du stride, du bop et une composition originale, tous les titres ayant un rapport avec New York, dont Ehud est fier d'être un citoyen.
Le tempo d'Ehud est sûr, il swingue parfois intensément, il aime les nuances et les couleurs, il respecte les mélodies et sait jouer avec les harmonies.
Ehud a en audace et en gouaille ce qui lui manque un peu pour le moment en élégance et en équilibre. C'est aussi ce qui donne à son jeu cette fraîcheur, notamment dans 52nd Street Theme, Autumn in New York, 42nd Street, Harlem Strut ou Take The A Train.
Certains morceaux en tempo lent sont tendres et pénétrés, comme Autumn in New York, Manhattan, ou la belle composition de Leonard Bernstein Lonely Town.
D'autres plus vifs font alterner les chorus bop et le stride comme 52nd Street Theme (avec de cocasses irruptions de Willie Smith ou Don Lambert dans un pur bop) ou Harlem Bound (composition du pianiste me rappelant Claude Hopkins).
Asherie a une vaste connaissance de la littérature du piano jazz et on trouve à tout moment des citations parfois inattendues de tel ou tel pianiste, entre autres : The Peacocks de Jimmy Rowles dans Autumn in New York, Steeple Chase de James P. Johnson dans 42nd Street, Zig Zag du Lion dans l'introduction de 42nd Street.
Voilà donc un premier CD en solo d'un artiste dont on n'a pas fini d'entendre parler, et qui est un nouveau rayon de soleil dans la petite confrérie des pianistes de jazz traditionnel, même si son langage est beaucoup plus vaste.

Louis Mazetier

Engelbert Wrobel

Wrobel site
ENGELBERT WROBEL’s Swing Society special guest Dan Barrett & Strings. 20 Years. Click EW 2009.

Wang Wang Blues – Blues for Ben – Pick Yourself Up – Estrellita – Long Live the King – Opus ¾ - Cachita – Take Me In Your Arms/And The Angels Swing – After You’ve Gone – Serenade in Blue – Tricotism – It Might As Well Be Spring – Way Down Yonder In New Orleans – Danny Boy. Durée : 1h.

Engelbert Wrobel (cl, ts, ss), Dan Barrett (tb, tp), Chris Hopkins (p), Rolf Marx (g), Ingmar Heller (b), Oliver Mewes (dm) + cordes

Habitué d’Ascona, Engelbert Wrobel a-t-il un jour été programmé en France ? Depuis vingt ans, il dirige l’orchestre Swing Society et tourne régulièrement en Allemagne et en Europe du Nord où il connaît une renommée justifiée en compagnie des mêmes musiciens depuis… quatorze ans. Brillant clarinettiste, disciple de Benny Goodman, c’est cet instrument qu’il privilégie à juste titre ici avec de très beaux moments ( Wang Wang Blues, Pick Youself Up, Opus ¾ en hommage non déguisé ). Au ténor, quoique d’un bon niveau, il est moins performant (Blues for Ben, Take Me In Your Arms) et au soprano sur Cachita, d’un intérêt limité, il ne saurait souffrir la comparaison avec nos meilleurs sopranistes. Cet enregistrement révèle aussi ses qualités d’arrangeur sur six titres et non des moindres avec des passages qui évoquent plaisamment la petite formation légendaire de John Kirby (Wang Wang Blues, Way Down Yonder In New Orleans).
La rythmique est exemplaire de swing et d’efficience, emmenée par le wilsonien Chris Hopkins dont le beau piano distille quelques vrais moments de bonheur.
On ne dira jamais assez l’importance de la guitare au sein d’une rythmique. Celle de Rolf Marx le démontre avec talent. Il est aussi un excellent soliste qui pourrait bien constituer une révélation pour nombre d’amateurs tant pour son phrasé que pour sa sonorité et ses idées. Dans It Might As Well Be Spring, en trio, seulement accompagné de la contrebasse et de la batterie, il joue avec une guitare acoustique. Un choix appréciable mais le morceau est longuet malgré le haut niveau technique des trois musiciens. On le préfère dans les autres morceaux, à la guitare électrique, dans la veine de Wess Montgomery.
Le contrebassiste Ingmar Heller, encore bien méconnu dans notre pays, est un sacré musicien ! L’hommage à Pettiford sur Tricotism est convaincant mais les solos mesurés qu’il prend ailleurs le sont tout autant. A l’accompagnement, l’osmose avec le batteur ravit l’auditeur…
Oliver Mewes est un accompagnateur hors pair. Sa pulsation productrice de swing « nourrit » les solistes et ses interventions en solo, ici souvent insérés dans les arrangements, régalent.
Le Swing Society aime inviter des solistes. Ce fut le cas avec le cornettiste Jon-Erik Kellso pour de nombreux concerts ainsi qu’avec Dan Barrett que l’on retrouve avec bonheur. Styliste remarquable, Dan Barrett est un tromboniste de premier plan au goût parfait. Sa sonorité est l’une des plus belles et son souple phrasé, sans jamais forcer, est exquis. Notons aussi une belle démonstration au « plunger » sur Blues For Ben. C’est aussi un cornettiste très fin (Way Down Yonder In New Orleans). Ce disque anniversaire permet aussi de découvrir ses talents d’arrangeur, notamment pour quatuor à cordes, sur trois titres (Estrellita, Serenade In Blue et Danny Boy). Comme on pouvait s’y attendre, ce n’est pas avec eux que l’on trouvera les meilleurs moments de swing. Une belle musicalité n’en reste pas moins présente.
L’amateur de jazz pur et dur prendra un réel plaisir à l’écoute d’un peu moins de la moitié des titres. Le mélomane se réjouira plus longuement. Mais, l’intérêt que représentera pour beaucoup d’amateurs français la découverte de certains musiciens devrait inciter à l’achat.

Dominique Burucoa

BD JAZZ

RAY CHARLES
BD BLUES. Ray Charles. Textes et dessins : José Correa. Editions BDMUSIC, n°14. Deux CD et une BD.

Cette BD fait au plus simple : un dessin réaliste, chaque double page évoquant un moment clef de la vie de Ray Charles. De l'enfance pauvre jusqu'à la gloire : voici donc « The Genius » en treize tableaux accompagnés d'un texte qui résume à la première personne les drames, les influences, la musique et les engagements de l'artiste. Le trait de José Correa rappelle parfois celui de Raymond Moretti (sans toutefois le mauvais goût de ce dernier) et reproduit fidèlement les images quasi iconiques de Ray Charles comme des différentes personnalités que l'on croise dans cette BD (King Cole, Martin Luther King, Art Blakey...).
Le premier CD rassemble onze séances de studio réalisées entre 1953 et 1959, soit un éventail très représentatif de sa période Atlantic (1952-1959). Le second CD puise dans la même période mais s'attache aux « Live Sessions », reprenant l'intégralité du « Ray Charles At Newport » (Atlantic 1289, 1958) suivi de cinq titres extraits de « Ray Charles In Person » (Atlantic 8039, 1959) et deux titres de 1961. Du Ray Charles pur sucre, sans adjonction de vedettes pop. C'était le bon temps.

CAB
BD JAZZ. Cab Calloway. Textes de Jean-François Pitet et dessins de Cabu. Editions BDMUSIC, n°52. Deux CD (1930-1938 et 1939-1953) et une BD.
L'hagiographie est un genre qui se perd, faute de saints et d'hagiographes sans doute. Heureusement, l'exercice trouve encore quelques adeptes qui n'hésitent pas à sacrifier leur temps libre, sinon leur vie, pour célébrer telle ou telle personnalité au point d'en perdre parfois la notion de la juste mesure. Pitet et Cabu perpétuent aujourd'hui cette tradition littéraire avec cette BD Jazz consacrée à Cab Calloway.
Reconnaissons à Cab Calloway quelques mérites : il a inventé un style d'entertainer, enregistré quelques scats bien sentis et, surtout, il a managé un des meilleurs big bands au tournant des années 40. C'était un chef d'entreprise brillant et généreux, qui déléguait la partie artistique à bien plus compétent que lui. A part ça, son art vocal se réduit à de puissants brames, pas toujours justes, rarement subtils. Un Minnie The Moocher de temps en temps, c'est sympathique ; deux copieux CD en enfilade, où la part belle est faite à sa voix sous toutes ses formes, c'est long (il y a quand même des extraits de la grande période du big band dans cette sélection). Pitet et Cabu ont d'ailleurs conçu cet ouvrage comme un vocal de Cab Calloway : sans grande finesse et clinquant. Le dessin de Cabu a connu meilleure inspiration (les couleurs sont assez moches, la mise en page un peu fouillis) et le texte de Pitet s'attache au seul pittoresque du personnage (mais y avait-il matière à procéder autrement ?). Cab le plus grand, Cab le meilleur, Cab le génie... L'enthousiasme, c'est un peu comme la cannelle ou la cocaïne : passé une certaine dose, c'est indigeste.
La BD s'achève par une étymologie pour le moins étonnante du surnom « Big Apple » donné à New York (une histoire de pomme d'Adam et de trac...), une sélection du fameux « Hepsters Dictionary » et la traditionnelle biographie bilingue, richement illustrée, qui est également un très complet répertoire de superlatifs, évidemment dédiés à Saint-Cab.

Dominique Périchon

Jazz vocal

Richards001
MAUREY RICHARD. The Best Is Yet To Come. Black & Blues BB 711 2. I'm Beginning to See the Light. - My Favorite Things - The Best Is Yet to Come - With Every Breath I Take - Take Five - Old Country - Nice 'n' Easy - Blame It On My Youth - Stormy Monday Blues - One for My Baby (and One More for the Road). Durée : 50’ 10.

Il est toujours agréable d’entendre des musiciens comme Jean-Sébastien Simonoviez (p), Philippe Dardelle (b) et Mourad Benhammou (dms) réunis ici autour du chanteur Maurey Richards. Leur présence apporte l’assurance d’écouter une musique de qualité dans un cadre convivial. Installé depuis un an en Bretagne Maurey Richards a derrière lui une carrière bien remplie dans la variété de haut vol. Il était pendant, les années 80, le soliste des Platters et il s’est produit à Londres dans plusieurs comédies musicales. Avec ce disque Maurey Richards aborde le domaine du jazz au travers de standards qui font référence. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas toujours. Son timbre de voix est agréable mais son phrasé reste entaché d’imprécisions rythmiques et d’inflexions qui surchargent inutilement sa ligne de chant. Cela passe parfois mais devient gênant sur Stormy Monday Blues où il force sa voix. Bref, le chanteur de variété n’est pas loin. Attendons le prochain disque.

Rodriguez001
VERONIKA RODRIGUEZ & Côte Ouest Big Band. I Believe in Love. Black & Blue BB 707 2. I Believe In Love - I Feel A Song Comin' On - Speak Low - One Note Samba - Like Someone In Love - Everything Happens To Me - On The Sunny Side Of The Street - The Duke Who Makes The Music - We'll Be Together Again - Night And Day - Tuned In To You - Change Partners. Durée : 43’ 18.
Guy Chauvier nous avait dit tout le bien qu’il pensait de Veronika Rodriguez lors de la parution de son album « Paris Is You » (Jazz Classique N°36). La chanteuse s’y produisait entourée d’un remarquable octette. La voici ici accompagnée par le Côte Ouest Big Band dont elle est la voix féminine. Associant sa voix aux arrangements du leader Jean-Philippe Vidal, elle swingue avec un bel entrain et une apparente décontraction qui lui réservent une place de choix dans la lignée des June Christy, Anita O’Day, Peggy Lee et Ella Fitzgerald. Ces influences ne l’empêchent pas de trouver sa propre voie en s’exprimant de manière personnelle comme le montre son hommage à Chris Connor qui ne doit qu’à son seul talent et sa belle sensibilité. Une vraie chanteuse de jazz.

Sloane
CAROLE SLOANE. Wee’ll Meet Again. Arbors Records ARCD 19400. Exactly Like You - Something To Remember You By - Anytime, Anyday, Anywhere - I Haven't Got Anything Better To Do - If You Could Love Me - Why Don't You Do Right - The Meaning Of The Blues - Zoot Walks In (The Red Door) - Where Are You? - Spring Will Be A Little Late This Year - A Cottage For Sale - I Never Loved - We'll Meet Again. Durée : 60’ 44.
Carol Sloane est un phénomène de longévité vocale puisqu’elle a débuté dans le métier pendant les années 50. Durant sa riche carrière, elle a enregistré trente-sept albums et croisé la route des grands musiciens de sa génération. Connaissant son métier sur le bout des doigts, Carol Sloane dispose d’un vaste répertoire adapté à son tempérament. Y figurent des standards illustrés brillamment par d’autres artistes, qu’elle restitue de manière toute personnelle. Ainsi sa version de Why Don’t You Do Right se démarque de celles de Lil Green et Peggy Lee qui font pourtant référence. Le traitement en bossa nova de If I Could Love Me ne peut être que le fait d’une artiste au goût sûr. Sa ligne de chant est précise, sa diction limpide et il se détache de ses interprétations une touche intimiste au charme nostalgique. Ses accompagnateurs participent largement au climat du disque, les solos de ténor et de clarinette de Ken Peplowski étant remarquables. L’accumulation de tempos lents choisis par goût esthétique et peut être aussi par nécessité, un chant placide qui ne demanderait qu’à sortir d’une confortable sagesse et l’absence d’une quelconque prise de risques constituent les seules relatives faiblesses de ce beau disque.

Etta
ETTA CAMERON and Nikolai Hess with Friends. Stunt Records. What A Wonderful World - Summertime - You've Changed - Love Me Or Leave Me - Smile - Out Of This World - Motherless Child - God Bless The Child - Careless Love - What Is This Thing Called Love. Durée : 52'18.
Ce beau disque est le dernier opus de la chanteuse Etta Cameron décédée le 4 mars 2010 au Danemark, son pays d’adoption depuis le début des années 1970. Le recueil débute avec une version inspirée de What a Wonderful World délicatement annoncée par la sonorité voilée de la trompette de Palle Mikkelborg. Puis s’élève la voix grave d’Etta dont le chant dépouillé se joue des difficultés du tempo lent en s’appropriant un titre ressassé par tant d’autres. En quelques mesures, Etta impose le déroulé d’un phrasé maîtrisé et son sens lumineux de l’interprétation. Et tout est dit. Le même pouvoir émotionnel provenant des profondeurs du blues et du gospel se retrouve dans Careless love et God Bless the Child sur lequel plane l’ombre bienveillante de Billie Holiday. Une belle voix malheureusement à jamais éteinte.
Tiss001
CLAUDE TISSENDIER. Countissimo. Frémeaux & Associés FA 518. Everyday, I have the Blues - Swingin’ The Blues - Shiny Stockings - Whirlybird - Lil’ Darlin’ - April in Paris - Little Pony - Dansez sur moi (Girl Talk) - Fiesta in Blue - It’s Sand, Man - (Just) After Supper. - Cute - .Jumpin’at The Woodside - One O’Clock Jump. Durée : 59’ 25.
Ce disque rend hommage au Count Basie du « Nouveau Testament » puisque y figurent des titres comme Every Day I Have The Blues, April in Paris et les fameux Lil Darlin’, Little Pony et Whirlybird composés par Neal Hefti. Conçus initialement pour un grand orchestre, les arrangements de ces morceaux, écrits le plus souvent par Neal Hefti, ont été fort habilement adaptés par Claude Tissendier au format d’un octette de structure semblable à celui que dirigea Basie en 1950. L’autre originalité du projet a été d’adjoindre au groupe une partie vocale s’appuyant sur des paroles de Jon Hendricks. Mais à la différence du trio Lambert, Hendricks & Ross dans leur fameux disque « Sing a Song of Basie » et des Double Six de Mimi Perrin, les chanteurs improvisent en scat sans reprendre les solos instrumentaux originaux. On voit donc que ces références placent d’emblée la barre très haut. Mais avec une telle équipe il n’y a rien à craindre. La réussite est au rendez-vous bien loin des sentiers battus dans lesquels se perdent trop souvent les réalisations de ce genre. Emmené rondement par une section rythmique souple et solide constituée de Jacques Schneck (p), Nicolas Peslier (g), Jean-Pierre Rebillard (b) et Sylvain Glevarec (dms), l’octette fonctionne comme une belle machine à swinguer. Galvanisés par des arrangements taillés sur mesure, Gilles Berthenet (tp), Claude Tissendier (cl), François Penot (ts), Olivier Defaÿs (bar) et Jacques Schneck (p) interviennent avec un bel à propos. Les deux vocalistes sont excellents. Chanteur attitré de la formation de Claude Bolling, Marc Thomas dispense un scat ravageur et se montre un crooner de grande envergure dans Dansez sur moi. Une grande complicité l’unit à la trop rare Michele Hendricks qui ne craint personne dans le domaine du scat dont elle est l’une des reines. Bravo.

Alain Tomas

André Villéger en concert

22 septembre, à 19h, au bar de l'Hôtel du Louvre (place André Malraux - 75001) : André Villéger Trio.

26 septembre
(19h30) à Saint-Maur-des-Fossés (92) : André Villéger et le Paris Swing Orchestra joueront Sidney Bechet (20 rue de la Liberté - salle Rabelais)

Andre Villeger
5 novembre
(20h30),
à l'école
St Michel de Picpus,
53 rue de la gare de Reuilly
(
Paris - 12ème) :
André Villéger (s),
Alain Jean-Marie (p),
Michel Pérez (g),
Gildas Boclé (b) et
Roger Raspail (perc)
joueront (bénévolement)
pour l'association
Tèt Kole
(nom qui signifie solidarité en créole).
La recette de ce concert
servira
à la reconstruction
d'une école
en Haïti,
école détruite lors du
séisme de janvier 2010.



18 décembre (17h30) au Studio 105 de la Maison de la Radio (Paris). André Villéger - Michel Pérez Quartet. Entrée : 5 €. Réservations :
- Par téléphone : 01.56.40.15. 16 touche n°1
- Par internet : concerts.radiofrance.fr - onglet billetterie en ligne
- par courrier : les concerts de Radio France pièce 9422 116, avenue du Pdt Kennedy 75220 Paris cedex 16.

Joseph Reinhardt joue Django

Joseph
JOSEPH REINHARDT. Joseph Reinhardt joue... Django. Label Ouest 304 022.2. Gipsy Jazz Memories vol. 1.

Djangology – Le manoir de mes rêves – Bric Top – Nuages – Sweet Sue – Triste mélodie – I Know That You Know – Manouche – Mon pote le Gitan – Oui, pour vous. Durée : 37'39.

Sur le monument dédié aux frères restés dans l'ombre, il faut graver le nom de Joseph Reinhardt (frère de Django) aux côtés de ceux de Frank James (frère de Jesse), Théo Van Gogh (frère de Vincent), le Masque de fer (frère – présumé – de Louis XIV), etc., etc., car la liste est longue des cadets venus trop tard et des aînés rattrapés par le génie du petit dernier, frères cachés par la trop lumineuse star familiale, deuxièmes couteaux, assistants... Les fils s'en sortent finalement mieux (quoique Lousson ne soit pas un bon exemple ; Babik, si). Quand elle disparaît, l'étoile brille encore longtemps et les frères font alors comme ils peuvent. Frank James alla vendre des chaussures, Théo ne survécut pas six mois à Vincent, Joseph raccrocha d'abord sa guitare. Puis la reprit quatre ans plus tard, en 1957. Il ne s'agissait même pas de se faire un prénom et les titres des disques qu'il enregistra alors étaient éloquents : « Joseph Reinhardt joue... Django », « Hommage à Django », « Pour Django »... Nin-Nin avait à l'occasion joué comme soliste et leader du vivant de Django mais la mort de ce dernier le poussa naturellement à prolonger cette œuvre (il essaya même de terminer la
Messe Gitane commencée par Django) au nom de la famille et de la musique. Aujourd'hui, après l'avalanche de compilations et de best of en tous genres déclenchée par le centenaire de Django, Label Ouest se distingue intelligemment en offrant une place méritée à Joseph et réédite les huit titres de « JR joue... Django » de 1958 avec Pierre Ramonet au violon. Des solos comme ceux qu'il prend sur Nuages et Triste mélodie, où les silences fréquentent les plus belles idées, placent Joseph Reinhardt parmi les guitaristes manouches importants. Des années passées à seconder les chorus géniaux de Django lui ont permis d'acquérir un solide placement rythmique mais n'ont pas fait de lui un simple clone car Joseph possède une sonorité bien à lui, métallique, une façon de phraser qui ne manque jamais de finesse, un sens aigu de la mélodie et aucune attirance pour l'épate : de la musique. Un guitariste de talent, un musicien sensible.
Deux titres sont extraits du 45 t. « Mon Pote le Gitan ». Un onzième, daté de 1947, fait entendre Joseph Reinhardt avec le « Stéphane Grappelli's Hot Four » sur une guitare amplifiée, instrument sur lequel il précéda Django. Malgré une vie musicale autonome, Joseph restera le frère, l'ombre, le premier aussi à porter ce formidable héritage. Un drôle d'emploi où l'on perd un peu de soi-même.

Dominique Périchon

Jacques Reda : L'improviste

Réda
JACQUES REDA. L'improviste. Une lecture du jazz (Nouvelle édition augmentée). Folio/Essais n° 143.

Jacques Réda écrit sur la musique. Un livre sur la musique, mine de rien, ce n'est pas si fréquent. Des livres sur les musiciens, oui, et même pléthore : ils nous racontent des histoires, biographisent à mort, se roule dans la tragédie et l'anecdote. Mais la musique, souvent ils ne font que l'effleurer. L'histoire des musiciens, ce n'est pas tout à fait l'histoire de la musique. Quant aux ouvrages qui traitent de la musique avant toute chose, ils sont précis, donc techniques, et n'emploient que des termes sans ambiguïté, donc savants ; et là, c'est la grande masse des lecteurs qui, faute d'avoir étudié des années durant l'harmonie au conservatoire, reste sur le carreau... Jacques Réda propose une solution pour être à la fois rigoureux et lisible, un genre de méthode. D'abord, foin des détails biographiques qui n'influent pas directement sur l'art du jazzman ; ensuite, quand il parle des notes qui résonnent dans le piano de Willie Smith The Lion, de la phrase de Harry Edison ou des silences de Basie, jamais il n'évoque quintes diminuées ou pentatonique mineure : il trouve les combinaisons de mots que seul un écrivain est capable d'inventer pour donner du corps à l'insaisissable et crée ainsi un solfège tout personnel, parfois aussi exigeant que le « vrai », mais qui n'exclut personne du moment qu'on sait lire. « Une lecture du jazz », comme dit le sous-titre, une écriture de la musique également...
Jacques Réda est poète. Ce n'est pas rien. Si
L'Improviste appartient à la collection « Folio Essais », l'œuvre est bien poétique. Non qu'il débite du vers libre au kilomètre ou trafique de la métaphore en gros mais il révèle des mondes cachés dans les enregistrements les plus fameux, tisse un lien entre les jazzmen, entre les périodes, reconstitue une Histoire qui, soyons honnêtes, pourrait bien nous avoir échappé... Il cherche dans les pianos ce qu'il y a et ce que nous n'avions pas su entendre. Un poète donc.
L'Improviste. Ce titre vous dit quelque chose : normal. L'Improviste rassemble deux livres précédemment publiés de Jacques Réda : L'Improviste (Une lecture du jazz) et Jouer le jeu (l'Improviste II). Pour la présente édition, l'auteur ne s'est pas contenté de coller deux textes anciens (1980 et 1985) car il s'est fait l'arrangeur de ses propres compositions, écartant et ajoutant de nouveaux thèmes. Que trouve-t-on alors dans cet « essai » ? Concernant la forme, un peu de tout, harmonisé par le style de l'écrivain : une analyse serrée du pianiste Ellington, le tombeau de Benny Goodman, les rêveries d'un Jelly Roll en promeneur solitaire, une lettre à Bud Powell, la chanson d'Eric Dolphy, un travail d'historien sur le compositeur Ellington, un portrait de Fletcher Henderson en chimiste, un précis d'archéologie monkienne, des dialogues imaginaires, des études comparées... Concernant le fond, on l'aura compris, l'œuvre de quelqu'un qui place le jazz à son juste pinacle.

Dominique Périchon

Dick Hyman's Century Of Jazz Piano

Hyman
DICK HYMAN. Dick Hyman's Century Of Jazz Piano. Arbors ARCD 19348 (5 CD + 1 DVD).


Je suis un grand admirateur de Dick Hyman, comme ceux qui ont pu lire les chroniques de disque de Jazz classique le savent.
J'ai souvent joué avec lui depuis environ 10 ans, j'avais auparavant beaucoup écouté nombre de ses enregistrements. Je n'en suis pas pour autant son hagiographe. Je sais ce qu'on lui reproche habituellement - pianiste "caméléon" qui n'a pas de style propre - et je conçois cette critique. Cet ensemble de CDs (+ un DVD) peut continuer à alimenter cette vision des choses puisque Hyman y fait la démonstration des styles de piano jazz du_ragtime à aujourd'hui, ce dont personne d'autre n'est actuellement capable avec autant de bonheur, soit dit en passant.
Je dois dire pour commencer que ses détracteurs, comme d'ailleurs très souvent quel que soit le domaine, ne connaissent pas très bien son travail et ne l'ont écouté que superficiellement. Car Dick ne joue ni comme Jelly Roll, ni comme Fats ou Tatum, mais comme lui-même. Comment pourrait-il en être autrement ? Et c'est tant mieux. Il faut voir les choses différemment, même si c'est un peu loin de l'esprit habituel du jazz. Dick est un interprète. Dans les évocations des maîtres du clavier, il traite les morceaux les plus typiques avec beaucoup de respect du style de chacun, de son vocabulaire, de sa pulsation, bref de son esprit. Ecoutez Joplin, ou
The Crave de Morton, le Carolina Shout de James P, le Complainin' de Stacy. C'est un régal d'intelligence musicale, car même si ce ne sont pas les créateurs, tout leur feeling est présent, à la sauce Hyman. Très souvent d'ailleurs, il s'éloigne notablement du modèle pour des digressions personnelles, comme dans Heliotrope Bouquet, ses évocations de Duke ou de Monk.
Il faut aussi comprendre que cet ensemble est très particulier dans la production du pianiste et qu'il répond à un but didactique vrai, particulièrement en exergue dans le DVD.
Tous les pianistes de Jazz, du débutant au plus expert, peuvent y trouver quelque choses à apprendre. Pour moi, si les chapitres consacrés au piano-jazz ancien ne me fournissent que peu de matière à découvrir, il en est tout autrement de ceux dévolus à Tatum et surtout à Shearing, aux block chords et à Bill Evans, tant ils sont bourrés d'éléments didactiques riches.
Et puis il y a le CD n°5 où Dick improvise très librement sans support palpable, un peu à la Keith Jarrett, mais en moins barbant. Même si on s'éloigne du jazz classique, ça peut en surprendre plus d'un.
S'il est reconnu et acclamé dans le monde entier, Hyman reste chez nous quasi inconnu. Le public français passe à côté d'un des artistes les plus incroyables de son époque et c'est dommage. il est aujourd'hui, à 83 ans, parfaitement maitre de son art et de sa technique, se renouvelant constamment, menant de front mille projets.
C'est à coup sûr le pianiste de jazz actuellement en activité le plus cultivé, un soliste fascinant et plein d'imprévu, un véritable phénomène et un exemple pour tous les pianistes.

Louis Mazetier

Jazz au Pays basque

La Scène nationale Bayonne - Sud Aquitain a une nouvelle fois donné une belle place au jazz dans sa programmation :
• Dorado Schmitt
(Théâtre / Bayonne – 20/10)
• Chicago Blues Festival 2010
(Salle Paul Vaillant-Couturier / Boucau – 26/11)
• New Spirit & Carolyn Payne
(Bayonne – 30/11)
• Philippe Lejeune Trio
(Ecuries de Baroja / Anglet – 8 et 9 /12)
• Three For Swing (Schneck/Davot/Mucci) “Hommage à Nat King Cole“
(Anglet - 4 et 5/01)
• Paris Swing Orchestra & André Villéger
(Bayonne – 18/01)
• Echoes Of Swing
(Anglet - 15 et 16/02)
• Dmitry Baevsky & Joe Cohn
(Anglet – 1 et 2/03)
• Dmitry Baevsky – Joe Cohn Quartet
(Bayonne – 4/03)
• Tuxedo Big Band
(Bayonne – 25/04)

Stan Laferrière

To my guitar heroes001
STAN LAFERRIERE. To My Guitar Heroes. Black & Blue BB 709 2.

CD1 : Djangobop - For Patrick - Swing 744 - Pretty Baby - Francis Waltz - The Moon Drives Me Loon - Them There Eyes - Solitude - Philvalse. Durée : 34’55.
Stan Laferrière (acc. g), Aurélie Tropez (cl), Jacques Schneck (p), Jean-Yves Dubanton (b), Déborah Tropez (wsb)…
CD2 :
Good Luck - Sous le ciel de Paris - What For ? - Blue On West Side - How Blue Is My Heart ? - I’ve Never Been In Love Before - Jam Hill - Pick Yourself Up - Wes Point - In The Meadows - Blue On West Side. Durée : 49’11.
Stan Laferrière (él. g), Pierre Christophe (p), Raphaël Dever (b), Laurent Bataille (dms)…
Voilà une production aussi réussie qu’inattendue. Nous savions tous que Stan Laferrière jouait (fort bien) de la guitare. De là à imaginer qu’il sortirait un jour un double CD en tant que guitariste leader… Dans quelques lignes écrites sur l’emballage, Stan donne une partie de l’explication : « La guitare est finalement l’instrument pour lequel j’ai le plus d’affection et qui me rend heureux en toutes circonstances. Cet album représente pour moi une sorte de récréation jubilatoire. » Pour nous aussi…
Le premier CD fait entendre Stan sur l’instrument acoustique dans une esthétique Django Reinhardt. Au-delà de l’aisance du leader dans un style qu’il a longuement pratiqué au sein d’Alma Sinti, par exemple, il faut souligner deux éléments particulièrement heureux. D’abord la présence de la jeune et talentueuse clarinettiste Aurélie Tropez. Ensuite la qualité des nombreuses compositions de Stan qui sont non seulement en totale harmonie avec le projet musical mais relèvent toute d’une vraie inspiration mélodique. Stan Laferrière est un excellent compositeur. Ce n’est pas un scoop. On peut d’ailleurs aussi le vérifier dans le second CD.
Ce second CD, dans une atmosphère bop (même la prise de son évoque les années 50), est celui qui, à mon avis, révèle le mieux les capacités d’improvisateur de Stan à la guitare, ici électrique. Dans son avant propos, Stan cite quelques-uns de ses principaux inspirateurs. On retrouve naturellement plein de noms connus, incontournables… J’ai aussi noté la présence d’un guitariste souvent oublié, Billy Bean. Quoi qu’il en soit, cette seule session suffit pour compter Stan parmi les dignes représentants de la corporation. Elle est également remarquable par l’homogénéité et le swing d’ensemble du quartette.
Cet album est dédié à Patrick Saussois et Lodie Serrano qui, comme chacun sait, vivent des moments difficiles. Ce n’est pas écrit sur le disque mais la recette leur sera intégralement versée. Bravo à Stan et Black & Blue pour cette initiative. Si vous avez du mal à vous procurer cet enregistrement, vous pouvez le commander en envoyant un chèque de 25 euros à l'ordre de Stan-Music, 146 quai Louis Blériot, 75016 Paris.

Duke in the air002
BIG BAND DE LA MUSIQUE DE L’AIR (Direction Stan Laferrière). Duke In The Air. Dripping With Molasses - Hearsay - Happy Go Lucky Local - In A Sentimental Mood - Caravan - Sophisticated Lady - Mood Indigo - Chromatic Love Affair - Take The A Train. Durée : 56’33.
Ce nouveau CD du Big Band de la Musique de l’Air propose un programme intégralement Ellington. Il comprend deux types d’arrangements, ceux relevés sur les disques d’Ellington et des originaux.
Pour les arrangements ellingtoniens, Stan a eu la bonne idée de choisir une majorité d’enregistrements méconnus. C’est ainsi que le CD s’ouvre avec la
Deep South Suite, une œuvre que Duke n’enregistra intégralement que deux fois, à l’automne 1946. Seul Happy Go Lucky Local connu le succès. Encore que There Was Nobody Looking, le mouvement pour piano (non retenu ici), ait été récemment remis à l’honneur par des pianistes comme Louis Mazetier et Bernd Lhotzky. Toujours parmi les relevés, on remarque le magnifique Chromatic Love Affaire de 1967. Pour brouiller un peu plus les pistes, les solistes de ces œuvres ellingtoniennes s’éloignent passablement des originaux. Cela fera grincer quelques dents. On ne peut pas plaire à tout le monde.
La partie le plus intéressante du CD est, selon moi, à chercher parmi les standards ellingtoniens. Là, l’arrangeur Stan Laferrière, s’il respecte les mélodies originales, s’il se permet quelques emprunts au maître, quelques citations, quelques démarcations, quelques détournements, fait constamment du Stan Laferrière. La subtilité des alliages sonores, la fluidité, la légèreté, la poésie, l’humour, la musicalité, tout porte la signature de Stan Laferrière. Il fallait sa personnalité très affirmée pour, à partir du répertoire et du style ellingtonien, proposer un ensemble aussi original et homogène.

Guy Chauvier

Quatre nouveaux “Cabus“

La collection “Jazz Masters Cabu“ vient de s’enrichir de quatre nouvelles références, quatre merveilles de concision, de densité, d’intelligence, de présentation… Comme d’habitude !

Evans
GIL EVANS. Une anthologie 1946/1957. Cabu 545 (sélection et texte de Christian Bonnet). Vous trouverez facilement les deux Miles Davis et le Parker. Les Helen Merrill (LP puis CD Dream Of You), Le Hal McKusick Jazz Workshop (sur le catalogue Fresh Sound), Le Teddy Charles Tentet, les trois Marcy Lutes (CD Debut en import japonais), la séance Gil Evans & Ten sont également disponibles, de même que la totalité des Claude Thornhill (disséminés sur plusieurs CD, l’essentiel figurant sur un Fresh Sound)… Mais trouver tout cela ici va vous économiser beaucoup de temps et d’argent. Cette anthologie a un autre mérite, encore plus important, elle comprend nombre de faces qui n’étaient plus trouvables en dehors du marché de l’occasion : Le Johnny Mathis (qui figuraient récemment sur Two Classic Album), le Lucy Reed (This Is Lucy Reed), Les Don Elliott et, surtout, le New Bottle Old Wine de Gil Evans ! Cet enregistrement d’Evans, son deuxième publié sous son nom, est une pièce maîtresse de la carrière de l’arrangeur (et aussi du saxophoniste Cannonball Adderley, principal soliste). C’est pourquoi je regrette que, contrairement à ce qui avait été fait dans d’autres albums de la collection, l’on n’ait pas inclus la totalité du disque original. C’est d’autant plus regrettable qu’il ne manque qu’un seul titre, moins de sept minutes… L’arrangement si original de Bird Feathers (avec ses magnifiques ensembles de trombone), les solos de Cannonball (sept chorus, puis trois autres sur la fin), Frank Rehak, Johnny Coles, Art Blakey et Paul Chambers auraient dû conclure en beauté, et en blues. 

Kessel
BARNEY KESSEL. Une anthologie 1953-1958. Cabu 546 (sélection et texte de Claude Carrière). Bravo à Claude Carrière pour avoir fait une toute petite entorse à la chronologie en ouvrant cette anthologie avec Salute To Charlie Christian, soulignant par là non seulement les racines de Kessel mais aussi, peut-être, la constance d’une musique résolument à l’écart des modes.
Je me souviens d’un guitariste célèbre qui trouvait le jeu de Kessel conformiste. « Trop de phrases toutes faites », disait-il… Il est vrai que Kessel utilisait volontiers quantité de tournures usuelles mais, ce que ses détracteurs oublient de dire, c’est qu’il les utilisait comme des éléments totalement fondus dans des développements personnels toujours parfaitement clairs et logiques. Et c’est sans doute ce qui agaça aussi, la « clarté », la « logique », la simplicité apparente, à une époque où la musique, et singulièrement la guitare, s’exprimait chaque jour davantage avec complexité, voire confusion… Quelle que soit votre sensibilité aux questions de style, il y a constamment dans la musique de Kessel deux autres qualités essentielles qui devraient faire l’unanimité des amateurs de jazz, le swing et le sens du blues. Vous ne trouverez pas ici une seule interprétation pour les démentir ou même seulement les mettre en question.


Blakey
JAZZ MESSENGERS. Une anthologie 1954-1958. Cabu 547 (sélection et texte de Claude Carrière). De Doodlin’ et The Preacher à Moanin’, Along Came Betty et Blues March, voilà quelques unes des pages les plus populaires de l’histoire du jazz. Très didactique, avec un premier CD entièrement consacré à la période Horace Silver des Jazz Messengers, ce double album est idéal pour les débutants. Pour les autres, c’est du pur plaisir !

Guy Chauvier


Young
LESTER YOUNG. The complete clarinet Works 1938-1958. Cabu 548. Un manque chez les collectionneurs, cette intégrale de Lester à la clarinette. Bien sûr, beaucoup y ont pensé, certains se sont fait des cassettes. Mais c'est Christian Bonnet qui a concrétisé ; une fois de plus : merci Christian. Pas de surprise : Un max de chefs-d'oeuvre. Quel enchantement de redécouvrir des merveilles que l'on avait  écoutées il y a parfois trop longtemps. Que dire d'originalement dithyrambique à propos de l'orchestre Basie ou des KC Six ? De même qu'au sax ténor, qu'est-ce qu'il a pris à Lester de souffler de la sorte dans cet instrument pour lequel les références de sonorités étaient depuis longtemps bien établies, surtout pour un musicien du sud ? L'influence de Lester à la clarinette est complémentaire de celle qu'il a eu au ténor : alors que la “clar“ avait été délaissée par les boppers, de nombreux saxophonistes "cool" ont suivi Lester : Art Pepper, Zoot Sims, Al Cohn, pour aboutir à l'extrême du souffle avant la disparition de la note : Jimmy Giuffre. L'on ne regrettera  même pas les 4 dernières faces (57, 58) où Lester semble déjà bien fatigué. Il reste tellement d'émotion qu'il nous semble souffler son âme à travers l'instrument, conscient depuis longtemps que la réserve s'épuise...

Marc Richard

Patrick Saussois - Rhoda Scott

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PATRICK SAUSSOIS/RHODA SCOTT. The Look Of Love (A Tribute To Burt Bacharach). Djaz DJ 577-2. The Look Of Love - Alfie - Walk On By - Wives And Lovers - Dont' Make Me Over - Raindrops Keeps Fallin On My Head - Close To You - I Will Never Fall In Love Again - This Girl Is In Love With You - What The World Needs Now Is Love - A House Is Not A Home - Don't Go Breaking My Heart. Durée : 56'08.

Enregistré en mars 2009.
C'est beau, un trio. Surtout quand ils sont quatre. Ici, Rhoda Scott, Patrick Saussois, Lucien Dobat
et Burt Bacharach.
Burt Bacharach, donc. L'auteur de grands succès dans les années 60 et 70, de musiques de film, de romances, le roi de l' « easy listening », si ça veut dire quelque chose, celui qui a le mieux réussi à traduire l'insouciance, la légèreté et toute la palette des sentiments environnants en notes de musique. Tom Jones ou Dionne Warwick l'ont interprété, c'est dire si les amateurs de jazz ne l'ont écouté qu'avec des pincettes... Sauf que Burt Bacharach est un compositeur, immédiatement reconnaissable, de la trempe des Jerome Kern ou des Cole Porter, en phase avec son époque, capable en quelques notes d'inventer un standard dont la fraicheur ne semble pas connaître de date de péremption. Pourtant, rares sont les thèmes, comme
The Look Of Love, qui ont eu droit de cité dans le répertoire des jazzmen, même si certains d'entre eux se sont appliqués à explorer ce continent-là (Mc Coy Tyner, Diana Krall...). Une histoire d'époque sans doute, et peut-être des harmonies qui ne laissent pas l'improvisateur aussi libre qu'il le souhaiterait.
De cette musique, Rhoda Scott, Patrick Saussois et Lucien Dobat ont conservé tous les parfums. Les solos tournent autour de la mélodie avec une sorte de respect, la paraphrasent plus ou moins, et brodent de jolis contrepoints. Inutile de rappeler combien une Rhoda Scott peut swinguer sur un Hammond tout en rondeurs, inutile de démontrer ce qu'un Patrick Saussois peut apporter de classe et de présence sur une guitare. Il y a dans ce disque des qualités qui se font rares, me semble-t-il, puisque dès la première note on est happé par un son, un style, un esprit, et ce n'est pas si fréquent de tomber sur un disque enregistré avec un vrai projet, une production soignée et une belle unité, un disque qui s'écoute et ré-écoute sans lassitude aucune. J'en fais encore l'expérience. Un « Tribute To Burt Bacharach » qui vaut son pesant de cristal.

Dominique Périchon

Orphéon Célesta

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ORPHEON CELESTA. C’est pas d’la tarte !. Swing Land SL-CD-1413 (distribution Jazztrade) (1).C’est pas d’la tarte - Pauvre moquette - Emilie - Le bourreau de mes thunes - Buddy Bolden Blues - I’ve Found A New Baby - Au lit du loup - Bye Bye Blues - Blues du rail - Quality Shout - Saint James Infirmary - Do Something. Durée : 39’12.

Emmanuel Hussenot (cnt, voc, arr), Philippe Audibert (cl, ts, ss, voc), Daniel Huck (as, ts, cl, ss, voc), Patrick Perrin (souba), Patrick Diaz (bj). Meudon, 1981.
Dans l’interview qu’il accorda à Jazz Classique en novembre 2009, à la question « Que mettrais-tu dans ton best of ? », Daniel Huck accorda une place de choix à l’Orphéon. « Les disques de l’Orphéon sont sans doute parmi les meilleurs mais le mieux serait sans doute de mettre le Clarinet Marmelade de You Tube. » Au cas où vous n’auriez pas entendu (et vu) ce Clarinet Marmelade, vous le trouverez dans notre rubrique “Vidéo“ (classé à Huck). You tube était jusqu’à présent bien pratique car aucun des quatre LP enregistrés par l’orchestre avec le concours de Daniel Huck n’était disponible. Grâce à Olivier Brard, le premier de ces LP, “C’est pas de la tarte !“, vient de revoir le jour. Le moins que l’on puisse dire est que cette réédition est totalement opportune. Elle remet d’emblée en évidence la qualité très rare qui animait la swingante musique de l’Orphéon à cette époque : l’énergie, le dynamisme, l’intensité, la force, la vigueur… Quand vous comparez les enregistrements “vieux style“ européens avec les originaux américains des années 20 et 30, vous êtes presque toujours frappé par la plus grande vitalité des anciens. Mais pas ici. Daniel Huck, Philippe Audibert, Patrick Diaz envoient grave (2) ! Et c’est sans doute avant tout pour cela que la musique de l’Orphéon continue à nous surprendre et à nous enthousiasmer. Même si elle a d’autres mérites…

Guy Chauvier


(1) Les internautes des Alpes Maritimes et du Var seront peut-être content de savoir que le même label vient de publier “Dans les rues d’Antibes“, un nouvel opus de Swing Parade, l’orchestre du saxophoniste soprano Gérard Bréaudat, disciple de Sidney Bechet.
(2) Ou « cognent dur », pour ceux qui ne lisent pas le français moderne.

Jean-Pierre Bertrand : Hep Cat Shuffle

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JEAN-PIERRE BERTRAND BOOGIE SYSTEM. Hep Cat Shuffle. 1001JPBBS/1 (distribution Socadisc). Hep Cat Shuffle - Morning Glories - Blue Moment - Rocking Like A Stocking Buss - I Can’t Beleive That You’re In Love With Me - Squeeze Me - You Need To Rock - Margie - See See Rider - Glamour Blues - Moten Swing - Paris-Boogie Speakeasy. Durée : 47’40.

Jean-Pierre Bertand (p), Guy Bonne (cl, ts), Francis Guéro (tb), Gilles Chevaucherie (b), Nicolas Peslier (g), Simon Boyer (dms). Paris, novembre 2009.
Je reçois toujours avec un préjugé favorable un disque de Jean-Pierre Bertrand. D’abord parce que Jean-Pierre figure depuis longtemps parmi les meilleurs pianistes de boogie woogie, un aréopage très restreint, tant il est vrai que l’on rencontre dans ce domaine de nombreux “musiciens“ qui ne brillent ni par leur swing, ni par leur maîtrise instrumentale, ni par leur imagination. Si l’Allemand Frank Muschalle est aujourd’hui, à mon avis, le maître incontestable du genre, Jean-Pierre est assurément un de ses dauphins. La seconde raison expliquant mon intérêt pour les enregistrements de Jean-Pierre Bertrand est que notre pianiste ne cesse de s’affirmer dans tous les domaines, la technique, le style, etc. Je me permets d’emprunter à un connaisseur, Louis Mazetier, les trois dernières phrases du texte que vous lirez sur l’emballage du CD : « 
Je l’ai vu progresser à pas de géant pour atteindre la maîtrise et l’ouverture qu’il a aujourd’hui acquises, Je pense qu’il signe là son meilleur disque, plein de tonus, d’émotion et de bonheur. Vous partagerez ce plaisir avec moi, j’en suis certain. »
La réussite de Hep Cat Shuffle m’en a rappelé une autre, elle aussi due à des musiciens français, celle du “Go To New Orleans“ des Wooden Heads (CD sorti en 2007). Dans les deux cas nous avons affaire à des enregistrements très typés, New Orleans avec Wooden Heads, boogie woogie avec Bertrand. Dans les deux cas, les orchestres montrent une homogénéité totale, dans la maîtrise du style, le niveau de jeu, et atteignent une cohésion et une efficacité rares à une époque où ces orchestres ne jouent plus qu’épisodiquement. Pour le présent CD, cela s’explique par le fait que Jean-Pierre Bertrand a fait un superbe casting, en choisissant d’abord d’authentiques et émérites jazzmen, ce qui est loin d’être toujours le cas dans les orchestres de boogie, très “rock n’ roll“. Il y a d’ailleurs ici un musicien qui participe également aux Wooden Heads, c’est Guy Bonne. Si vous aimez sa clarinette typiquement Nouvelle-Orléans, vous la retrouverez dans
See See Rider, entre autres. A ses côtés, des solistes du même calibre, Francis Guéro au trombone et Nicolas Peslier à la guitare qui, tous les deux, pratiquent différents registres et bonifient tout ce qu’ils touchent, sans oublier le piano du patron, évidemment. Mais tout cela ne pourrait fonctionner sans le soutien oh combien stimulant du tandem rythmique constitué par Gilles Chevaucherie et Simon “Hep Cat Shuffle“ Boyer. Ajoutons une dernière fleur : le répertoire est intelligemment choisi pour évider les rédites, même quand il fait appel au blues. Vous entendrez ici, par exemple, les riffs du You Need To Rock de Johnny Hodges (1), un musicien apparemment inconnu de la plupart des actuels spécialistes du boogie et du blues, un comble !

Guy Chauvier


(1) Ce
You Need To Rock figurait dans le fameux “Side By Side“, et non dans “Back To Back“ comme l’écrivit André Vasset dans le bulletin HCF. Cela dit, La chronique “descriptive“ de “l’impitoyable“ “musicologue“ est constamment “réjouissante“, à défaut d’être “passionnante“ : « Sur une partie de piano accueillante portée par une pulsation alléchante, trombone et ténor lancent un riff réjouissant puis passent à un second riff avant les solos de la guitare, mobile et passionnante, du trombone, à l'éloquence captivante, du piano, au jeu fleuri et plein d'envolée, de la contrebasse, bourrée d'énergie ; le morceau se termine par un retour au riff du début toujours sous la poussée d'une batterie impitoyable. » Et dire que l’on songe à reculer l’âge du départ à la retraite !

The Complete Louis Armstrong

Armstrong vol 8001
INTEGRALE LOUIS ARMSTRONG VOLUME 8. "Public Melody n°1" 1937-1938.

CD 1 : Louis Armstrong and his Orchestra (Fleischmann’s Yeast Radio Show - 04 & 06/1937) • 1. Theme & I’ve got a Heart full of Rhythm 2’55 • 2. You, rascal you 3’12 • 3. On the sunny side of the street 3’30 • 4. After you’ve gone 2’40 • 5. Rhythm jam 2’47 • 6. That’s what I like 3’16 • 7. Memories of you 3’05 • 8. Chinatown, my Chinatown 2’43 • 9. Ida 2’02 • 10. Darling Nelly Gray (w. The Mills Brothers) 2’54 • 11. The love bug will bite you 2’16 • 12. Lazy river 3’13 • 13. Washington and lee swing 2’48 • 14. I got rhythm 3’03 • 15. I know that you know 3’02 • 16. Rockin’ chair 3’24 17. Sugar foot stomp 2’36 • 18. Bugle blues 2’44 • 19. Hustlin’ and bustlin’ for baby 3’07 • 20. Shoe shine boy 3’06 • 21. Will you do a stomp? 2’22 & finale (sleepy time down south) 1’30.
CD 2 : Louis Armstrong & the Mills Brothers • 1. In the shade of the old apple tree (tk.a) 2’17 • 2. In the shade of the old apple tree (tk.b) 2’15 • 3. The old folks at home (Swanee river) 2’21 • Louis Armstrong and Martha Raye & Orchestra (film “artists and models” - 05/1937) • 4. Public melody number one 6’45 • Louis Armstrong and his Orchestra • 5. Public melody number one 3’09 • 6. Yours and mine 2’41 • 7. Red cap 3’07 • 8. She’s the daughter of a planter from Havana 3’16 • 9. Alexander’s ragtime band 2’33 • 10. Cuban Pete 3’05 • 11. I’ve got a heart full of rhythm 3’07 • 12. Sun showers 2’41 • Louis Armstrong & Brass Band (films “Every day’s a Holiday” - 10/1937) • 13. Jubilee 2’09 • Louis Armstrong and his Orchestra • 14. Once in a while 3’06 • 15. On the sunny side of the street 2’56 • Louis Armstrong and his Orchestra • 16. Satchel mouth swing 2’33 • 17. Jubilee 2’34 • 18. Struttin’ with some barbecue 2’56 • 19. The trumpet player’s lament 2’52 • 20. I double dare you 2’56 • 21. True confession 3’04.
CD 3 : Louis Armstrong and his Orchestra • 1. Let that be a lesson to you 2’32 • 2. Sweet a song 3’03 • Louis Armstrong and his Orchestra • 3. So little time (and so much to do) 2’41 • 4. Mexican swing 2’37 • 5. As long as you live… 2’13 • 6. When the Saints go marchin’ in 2’41 • 7. On the sentimental side 2’25 • 8. It’s wonderful 2’34 • 9. Something tells me 2’30 • 10. Love walked in 2’28 • Louis Armstrong with the Mills Brothers • 11. The flat foot floogie 2’57 • 12. The song is ended 3’08 • 13. My walking stick 2’40 • Louis Armstrong with the Decca mixed chorus • 14. Shadrack 2’28 • 15. Going to shout all over god’s heaven 2’47 • 16. Nobody knows the trouble I’ve seen 3’10 • 17. Jonah and the whale 2’46 • Louis Armstrong and his Orchestra • 18. Naturally 2’46 • 19. I’ve got a pocketful of dreams 2’52 • 20. I can’t give you anything but love 2’53 • 21. Ain’t misbehavin’ 2’55 • Louis Armstrong monologues/speeches • 22. Elder Eatmore’s sermon on throwing stones 4’15 • 23. Elder Eatmore’s sermon on generosity 4’20.

Le premier CD de ce huitième coffret Frémeaux satisfera tous ceux qui n’ont pu se procurer les enregistrements du Fleischmann’s Yeast Show, publiés pour la première fois en 2008 sur Jazz Society (chronique dans Jazz Classique n°52, septembre 2008). Sachez toutefois que, pour avoir la totalité du Jazz Society, il faut aussi se procurer le volume 7, sinon il vous manquera trois titres. Parmi les éditions posthumes d’enregistrements de Louis Armstrong, celle-ci occupe une place de choix pour diverses raisons : la forme exceptionnelle du trompettiste, la présence de huit morceaux qu’il interprète ici pour la première et dernière fois, la mise en valeur du formidable orchestre de Luis Russell, et notamment de son batteur, Paul Barbarin, bien servi par la prise de son, les arrangements de Chappie Willet…
La suite contient un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre du catalogue Decca. C’est le Louis Armstrong de la maturité, au jeu posé, sobre, à la sonorité pleine et puissante, dans toute sa splendeur. L’improvisation est moins exubérante que précédemment mais l’inspiration mélodique est toujours aussi vive. Je ne comprends rien aux réserves de Daniel Nevers dans le texte du livret : « 
Louis Armstrong n’a rien perdu de son éclat même si, parfois, le soleil tend à se voiler… C’est justement ce qui arrive lors des sessions du 13 et 18 mai 1938, à New York cette fois. Le matériau (So Little Time, As Long As You Live) n’est guère passionnant […] » Non, franchement, ni la trompette du chef, ni le “matériau“ ne me paraissent porter les stigmates d’un déclin.
Le coffret se termine avec les deux sermons, Elder Eatmore’s Sermon… Comme il s’agit de textes humoristiques parlés (écrits, d'après Irakli, par un certain Alex Rogers), vous serez peut-être intéressé de savoir que ces deux textes ont été publiés dans le bulletin du HCF, numéros 239 et 242, en 1974, avec une traduction tarabiscotée de Madeleine Gautier. Nevers, qui n’a pas lu ces bulletins (il avoue que le sens des paroles prononcées par Armstrong lui échappe) et ne sait pas trop quoi dire à propos de ces sermons, se contente de recopier les lignes que leur a consacré Hugues Panassié dans son Louis Armstrong. Panassié, pourtant fort décrié par le compilateur, est parfois bien pratique.

Guy Chauvier

Sad Blues

Nous avons récemment appris les disparitions des batteurs Calvin Shields (5 janvier 2010) et Ed Thigpen (13 janvier), de la chanteuse Etta Cameron (4 mars), du guitariste Diz Disley (22 mars), de la chanteuse Marva Wright (23 mars), du guitariste Herb Ellis (28 mars), du pianiste John Bunch (30 mars), du tromboniste Mike Zwerin (2 avril) et du pianiste Hank Jones (16 mai).

Nouveau club de jazz à Aix-en-Provence

Cela se passe au restaurant Les Arcades (rue Gaston Berger). Pour connaître le programme, cliquez ici : http://www.jazzclubdupaysdaix.fr/

Disparition de Roger Guérin

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Le trompettiste Roger Guérin s'est éteint le samedi 7 février. Sa carrière, commencée chez Aimé Barelli en 1947, fut d'une richesse exceptionnelle. Ses obsèques se dérouleront mercredi 10 février à 10h aux Saintes Maries de la Mer.

La Maison du Duke

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NEWS

Collection du docteur Clavié
La Maison du Duke vient de faire l'acquisition de la collection du docteur Clavié : 300 bandes magnétiques représentant 650 heures de concerts de Duke Ellington de 1945 à 1970. Nos experts ont entrepris de trier, identifier, référencer, avant de procéder à leur numérisation. A suivre ! ...
 
Tarifs
Le tarif des conférences a été revu à la baisse dans le but d’être accessible au plus grand nombre. L'occasion de (re)découvrir chaque mois un thème de l'univers du Duke, présenté nos éminents spécialistes.

Le site
La Maison du Duke a ouvert son site, tout nouveau tout beau ... . N'hésitez pas à le consulter pour vous tenir au courant des nouveautés :
www.maisonduduke.com
 
Adhésion
Votre soutien nous est précieux. N'hésitez pas à télécharger le
formulaire d'adhésion et profitez des avantages de la Maison du Duke.
 
A bientôt ...

Les prochains rendez-vous à l'Entrepôt

7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris - M° Pernety

Samedi 13 février, Duke Ellington CONFERENCE
de 10h30 à 12h30
Sujet : Billy Strayhorn l’alter ego, par Claude Carrière
Conférences musicales thématiques mensuelles pour explorer l'univers de Duke Ellington. Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans

Jeudi 18 février, soirée DUKE ORCHESTRA
répétition publique à 20h30, concert commenté à 22h
The Far East Suite : Impressions du Proche et Moyen Orient. L'album culte ! Avec Didier Desbois, Aurelie Tropez, Fred Couderc, Nicolas Montier, Philippe Chagne (saxes- clarinettes), François Biensan, Franck Delpeut, Richard Blanchet, Franck Guicherd, (trompettes), Jean-Louis Damant, Guy Figlionlos, Guy Arbion (trombones), Philippe Milanta (piano), Pierre Yves Sorin (contrebasse), François Laudet (batterie), Laurent Mignard (direction), Claude Carrière (chroniqueur).
Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans.

Samedi 13 mars, Duke Ellington CONFERENCE
de 10h30 à 12h30
Sujet : Mélodie et contrepoint par François Théberge
Conférences musicales thématiques mensuelles pour explorer l'univers de Duke Ellington. Tarif : 10 € - réduit 5 € : adhérents, musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs, - 18 ans

Réservations : contact@maisonduduke.com
Toutes les infos sur : www.maisonduduke.com - www.myspace.com/lamaisonduduke

Deux CD d'Harry Allen

Caillaud Allen
“Emma’s Groove“ (Aphrodite Records) est cosigné par le ténor et l’excellent trio de Cédric Caillaud. Patrick Cabon, que l’on avait beaucoup aimé dans le disque du trio Sabato, “On A Clear Day“, est au piano et le très expérimenté Roger Soirat à la batterie. Harry Allen se plaît manifestement avec ce trio parfaitement homogène sur le plan de la qualité et du style (bop). C’est le Allen getzien que l’on connaît bien, encore que le ténor, aujourd’hui, évite une trop grande proximité avec Getz. Un amateur éclairé me disait récemment que, dans ce CD, Allen lui rappelait souvent Zoot Sims. Effectivement... Quant à Cédric Caillaud, que l’on peut situer dans la filiation d’Oscar Pettiford, il compte parmi les rares contrebassistes aussi enthousiasmants comme solistes que comme accompagnateurs.

Allen Sportiello
Harry Allen a enregistré “New York State Of Mind“ (Challenge Records) avec ses partenaires habituels, Joel Forbes à la contrebasse et Chuck Riggs à la batterie, à ceci près que le guitariste Joe Cohn a cédé la place au pianiste Rossano Sportiello. Ce changement n’est pas sans importance. L’italien, accompagnateur spontané, original et inspiré prend une part considérable dans la réussite du CD. Il est aussi, évidemment, présent en solo dans toutes les interprétations. John Allred est invité sur six titres. Sa maîtrise de l’instrument est à elle seule confondante. La virtuosité, la précision, le son du trombone ferait croire à un auditeur non prévenu qu’il entend un instrument à piston. Avec cet entourage davantage mainstream que celui du disque précédent, le jeu d’Allen se fait plus direct, chaleureux et rageur. La remarquable prise de son est un atout supplémentaire pour faire de “New York State Of Mind“ un disque majeur...

Guy Chauvier

Tap dance

tap dance
A ceux qui s'intéressent au Tap Dance (et aux autres), je conseille le livre de Jane Goldberg qui est accompagné du documentaire sur DVD : By Word of Foot:Tap Masters Pass on Their Traditions avec Gregory Hines, Honi Coles, Bunny Briggs, Cookie Cook, Bubba Gaines, John Bubbles, Mabel Lee, Fred Kelly, Peg Leg Bates et plein d'autres. C'est un document exceptionnel filmé en octobre 80 au Village Gate de New York.

Isabelle Marquis


http://www.janegoldberg.org/



La Maison du Duke

Rejoignez la Maison du Duke !

La Maison du Duke a été fondée en septembre 2009 pour fédérer les passionnés, et contribuer au rayonnement de l’oeuvre de Duke Ellington. L’association est représentée par Claude Carrière (président d’honneur), Christian Bonnet (président), Philippe Baudoin (vice président), Laurent Mignard, Claudette de San Isidoro, Isabelle Marquis, Aurélie Tropez.

Les activités 2009-2010

Les soirées de Duke Orchestra

Un jeudi soir par trimestre, le Duke Orchestra présente un programme thématique et anime un nouveau format de rencontre, avec répétitions publiques, concert commenté, des invités ...

jeudi 17 décembre. le Duke Orchestra invite Patrick Artero. Patrick Artero fête sa Victoire de la Musique avec la grande famille des musiciens. Répétition publique et concert commenté sur le thème "Duke Ellington french touch". A partir de 20h00 à l'Entrepôt
 
jeudi 18 février. The Far East Suite - Impressions du Proche et Moyen Orient - L'album culte
 
jeudi 15 avril. Duke Ladies – La femme selon Duke

Duke Ellington Conference

Un samedi matin par mois à l’Entrepôt, un collège de spécialistes anime un cycle de conférences thématiques pour explorer l’univers de Duke Ellington.
Samedi 14 novembre : Duke Ellington Panorama - Claude Carrière
Samedi 12 décembre : Le Blues chez Duke Ellington – Philippe Baudoin
Samedi 16 janvier : Les saxophonistes chez Ellington – François Théberge
Samedi 13 février :  Billy Strayhorn, l’alter ego – Claude Carrière
Samedi 13 mars : Mélodie et contrepoint – François Théberge
Samedi 10 avril : Les trompettistes chez Ellington – François Biensan
Samedi 29 mai : Le Duke et ses Suites – Claude Carrière
Samedi 19 juin : Duke Ellington pianiste

Le samedi matin de de 10h30 à 12h30 à l’Entrepôt - 7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris - M° Pernetty

Tarif : 20 € -
réduit adhérents : 10 €  - musiciens, élèves des écoles de jazz, chômeurs : 5 €
 
Inscriptions - par mail contact@maisonduduke.com - par téléphone Claudette de San Isidoro : 01 40 09 96 07
 
Les collections privées

Sur rendez-vous (adhérents VIP), un accès aux collections des collectionneurs de la Maison du Duke : disques, partitions, documents …

Les conditions d'adhésion
 

Option 1. Adhésion simple à la « Maison du Duke » : 15 € / saison
- tarif réduit / soirées à l’entrepôt
: 5 € au lieu de 7 €
- tarif réduit / master class : 15 € au lieu de 20 € - forfait 8 séances 80 €
- tarif réduit / CD et T-Shirt Duke Orchestra
: 10 € au lieu de 15 €
Option 2. Le PASS « Maison du Duke » : 100 € / saison
- entrée libre aux soirées à l’Entrepôt et placement VIP
- entrée libre au programme « Connaissance d’Ellington »
- cadeau / CD ou T-Shirt Duke Orchestra
- cadeau / invitation aux concerts du Duke Orchestra (dans la limite des places disponibles)
- libre accès (sur rendez-vous) aux collections privées (disques, partitions, documents rares) des collectionneurs (Philippe Baudoin, Claude Carrière)

CD from New Orleans

Ces quelques notes concernant des disques que Jean-Marie Hurel avait ramenés lors de son dernier voyage à la Nouvelle-Orléans auraient dû figurer dans notre dernier Jazz Classique (novembre 2009).

JUANITA BROOKS. More Jazz. Autoproduction. Bye Bye Blackbird - Sunny Side Of The Street - Birth Of The Blues - What Wonderful World - Basin Street Blues - I ‘ve Got Rhythm - I Hear Music - Down By The River Side - Ain’t Gonna Study War.
Juanita Brooks (voc), Mark Brooks (b), Detroit Brooks (g), Darrell Lavigne (p), Bunchy Johnson (dms). La Nouvelle-Orléans, 2007.
Vente en ligne sur www.louisianamusicfactory. com.
Voilà, hélas, le dernier CD de la merveilleuse Juanita Brooks, récemment disparue prématurément à l’age de 55 ans. Si vous ne la connaissez pas, il n’y a pas à hésiter. Parmi toutes les bonnes chanteuses de la N.O., Juanita était la plus originale, celle qui avait le plus de charisme, c’était un personnage hors du commun ! Dans ce CD, elle s’attaque avec brio à de grands standards du jazz, mais elle était aussi fantastique dans les gospels où elle se montrait la plus authentique descendante de Mahalia Jackson.

WILLIE NELSON - WYNTON MARSALIS. Two Men With The Blues. Blue Note 50999 5 04454 2 4. Bright Light Big City - Night Life - Caldonia – Stardust - Basin Street Blues - Geogia On My Mind - Rainy Day Blues - My Bucket’s Got A Hole In It - Ain’t Nobody’s Business - That’s All.
Willie Nelson (voc-g), Wynton Marsalis (tp-voc), Walter Blanding (s), Mickey Raphael (hcm), Dan Nimmer (p), Carlos Henriquez (b), Ali Jackson (dm). Enregistré “live“ à New york les 12 et 13 janvier 2007.
Alliance réussie du meilleur de la country et d’un excellent jazz. Du swing d’un bout à l’autre du CD. De bons arrangements et riffs. Wynton égal à lui-même. Mention spéciale à Rainy Day Blues, Georgia et My Bucket’s Got A Hole In It. Indispensable.

THE SPIRIT OF NEW ORLEANS. Live In Barcelona, 2006 (26 mars ). Blue Moon-BMCD 2007.
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C’est l’écho d’une tournée Européenne d’un sensationnel all stars de la Nouvelle-Orléans emmené par Mark Braud (tp) avec Evan Christoper (cl), Lucien Barbarin (tb), Steve Pistorius (p), Walter Payton (b), Gerald French (dm) et Rob Espineau (Souba). Nous les avons entendus à Paris quelques jours après cet enregistrement. Le répertoire est des plus classique : Just A little While, Bogalusa Strut, Hindustan, Girl Of My Dreams (Lucien Barbarin au sommet de sa forme), Bourbon Street Parade, etc. Mais il permet à chaque soliste d’exprimer son grand talent. Chaudement recommandé aux amateurs de belle musique New Orleans d’aujourd’hui.

Jean-Marie Hurel