Warren Vaché - John Allred

Warren Vaché (co & voc), John Allred (tb), Tardo
Hammer (p), Nicki Parrott (b, voc), Leroy Williams
(dm)
Après « Jubilation » (cf. chronique J.C. n°
53), voici enregistré dix-huit mois plus tard, les 8
et 9 juin 2009, « Top Shelf ». Les
musiciens sont les mêmes mais nous n’y
retrouvons pas tout à fait la flamme du premier
disque.
Le choix du répertoire est ici plus radical comme
l’exprime le titre éponyme, dû à la plume de
Blue Mitchell (1930 – 1979), en une forme
d’adresse expressive. Ce trompettiste, souvent
oublié, est une référence pour Warren. Compagnon
notamment de Horace Silver, après avoir débuté avec
Cannonball Adderley, Mitchell a enregistré une
trentaine de disques. On trouvera sur You Tube un
portrait d’une dizaine de minutes, dû au
producteur Orrin Keepnews, qui éclairera utilement
ceux qui ne connaissent pas bien ce grand musicien
(http://www.youtube.com/watch?v=sxB-BOBVxP8&feature=fvw),
résolument hard bop, maître dans l’art de la
ballade. Les autres titres sont des compositions de
Ronnell Bright, Thelonious Monk, Clifford Brown,
Cannonball Adderley, Benny Golson, Bud Powell…
qui témoignent de l’unité stylistique du CD.
L’amateur de jazz classique pourrait ne pas
pleinement retrouver son univers musical préféré
malgré la présence de compositions qui lui seront
vraisemblablement plus connues (Moonlight
in Vermont, My Romance
ou
East of the Sun).
Autre différence de taille, ce deuxième opus est
enregistré en studio et non, comme le premier, en
direct dans un club. La dynamique de l’ensemble
s’en trouve modifiée, en particulier pour ce
qui concerne la rythmique. Le pianiste Tardo Hammer
est moins excitant, égrenant ses phrases avec parfois
une application un peu linéaire, Leroy Williams
s’y montre plus intempestif, certes musical,
notamment dans de beaux chases, mais moins attaché au
swing régulier. Nicky Parrott, chante sans grande
conviction
East of the Sun
mais assure tout le long une belle partie de
contrebasse.
L’intérêt majeur, on pouvait s’y
attendre, vient de l’incroyable duo des deux
soufflants. Warren et John s’entendent comme
larrons en foire. A une époustouflante virtuosité,
une souplesse du phrasé exemplaire, en se jouant, il
va de soi, des harmonies, ils allient deux des plus
belles sonorités de cornet et de trombone et un sens
unique de la construction des solii. Cela devrait
suffire à contribuer à notre bonheur... Et pourtant,
de notre point de vue, tous les ingrédients ne sont
pas ici réunis pour nous combler tout à fait…
A écouter avant l’achat.
Dominique Burucoa