Philippe Pilon

Une bonne partie de la meilleure production
discographique actuelle se situe aux frontières du
mainstream et du bop. Le disque de Philippe Pilon
entre dans cette catégorie. Il en est même un des
plus beaux spécimens récents, sinon la perle.
C’est une très bonne surprise, d’autant
que ce jeune musicien (né à Suresnes en 1973), ne
compte pas encore parmi les plus connus du jazz
hexagonal. Gageons que ce disque totalement réussi
changera un petit peu la donne. Voilà donc un nouveau
saxophoniste ténor, avec une belle qualité de son, un
phrasé relaxe, du goût pour les histoires bien
construites, une grande variété rythmique... Il allie
la robustesse des Texans et une grâce toute getzienne
sans oublier, évidemment, Lester Young qui fut un de
ses premiers maîtres.
Le charme du CD vient également des six thèmes
originaux, tous signés par le saxophoniste, des
thèmes en totale osmose avec le style de
l’instrumentiste, des thèmes qui chantent, qui
donnent envie de chanter. Et quand il reprend un
standard, Philippe Pilon se l’approprie, le
rajeunit. Ecoutez-le exposer
Blue Turning Grey…
Je ne surprendrai personne en affirmant que la
rythmique formée par Pierre Christophe (p),
Raphael Dever (b) et Guillaume Nouaux (dms) est
idéale. Deux invités, les trompettistes Julien Alour
et Jérôme Etcheberry, participent eux aussi avec
bonheur à cinq titres.
Take It Easy, une véritable profession de foi !
Guy Chauvier