Jeunes jazzmen = drogués en herbe

Chien
Tout le monde sait que les musiciens de jazz sont drogués (les plus riches ; les autres sont alcooliques). Cette évidence n'aura fait qu'un tour sous le képi des gendarmes du Gers le 19 novembre 2008. Sans doute désolés du faible taux de criminalité de leur département et en mal d'action comme à la télé, les hommes de la brigade anti-drogue se sont rendus au collège de Marciac, établissement qui accueille des adolescents étudiant le jazz tout en poursuivant leur cursus scolaire. Car le gendarme sait qu'il faut enrayer le mal à la racine : ces apprentis jazzmen doivent sûrement donner dans la fumette, peut-être même qu'ils sniffent déjà et que la craie des tableaux n'est pas aussi calcaire qu'elle en a l'air, à moins qu'ils ne se shootent à la colle Cléopatre... On ne se prend pas pour Charlie Parker impunément ! Et puis tout ça, c'est enfants de bobos, néo-ruraux, gauchistes et compagnie... Donc, les voilà qui débarquent au collège. N'écoutant que leur courage, ils ont amené des chiens. On ne sait jamais avec les pré-pubères. La suite rappelle les descentes de police que les jazzmen ont souvent racontées (rappelez-vous Ella Fitzgerald, notamment, évoquant les tournées JATP), toutes proportions gardées. Toutes proportions gardées ? Pas tant que ça, en fait... Balade de chiens renifleurs dans les cartables des élèves, démontage de stylos suspects, fouille au corps, avec ordre de pas bouger, mains sur la table, sinon Rex, qui est autant chien que policier, peut mordre sans sommations. On raconte maintenant que quelques enfants auraient été traumatisés par cette intervention de "prévention"... Petites natures ! Ne savez-vous pas, jeunesse dorée, qu'il faut souffrir pour jouer le blues et que ce n'est pas en fumant des joints affalés sur vos canapés du commerce équitable sous le regard complice de parents abonnés à Télérama que vous allez connaître la vie, la vraie ! L'ordre, c'est : une ! deux ! une ! deux ! Pas : one, two, three, four... Alors, merci la gendarmerie. Et n'hésitez pas, valeureux militaires, à venir faire un petit tour en août, en plein festival, avec cette fois-ci toute une meute de bergers allemands. Au prix où sont les places, les festivaliers doivent avoir assez de fric pour se payer de l'héroïne pure.