Coming Out
Jazz Hot n° 635. Rayon « Chroniques de disques.
Page 56. Michel Bedin nous interpelle. A propos du
dernier CD de Rodolphe Raffali :
« Est-ce
du jazz ou même du swing manouche, les spécialistes
vous préciseront la chose, avec force précisions
musicologiques. Pas moi, je ne veux que vous dire à
quel point ce CD m’a
ému.
[…]
du swing à l’état
pur. »
Magnifique
aveu qu’on pourrait traduire ainsi :
« Je n’y connais rien mais j’écris
malgré tout dans une revue spécialisée. »
Saluons le courage de ce « correspondant »
(dixit l’ours de Jazz Hot) qui, équipé
d’une telle philosophie, pourra tout aussi bien
s’exprimer dans "Tracteur Hebdo" ou "Canidés
Magazine" (« Je
ne fais pas la différence entre un yorkshire et un
saint-bernard mais laissez-moi vous dire combien ce
chien m’a ému ! »).
Et
Michel Bedin d’afficher sa condescendance pour
les « spécialistes »
qui « préciseront »
avec des « précisions »,
avant de décréter que cette musique swingue à
« l’état
pur »,
quelques lignes après avoir avoué son ignorance en la
matière.
Michel Bedin, chroniqueur non spécialiste, qui
êtes-vous ? La question brûle nos lèvres de lecteurs
amateurs. Il se présente lui-même page 51, à
l’occasion d’un autre CD, dans une sorte
de portrait en
creux : « …
et moi, qui ne suis pas un vrai critique de jazz,
avec diplômes de musicologie, amitiés et dividendes
dans la profession, je vous le dis franchement :
« Moi, j’aime. »
Bravo. C’est un pur. Qui ne trempe pas dans les
compromissions de la grande Mafia du jazz. Qui
n’a pas d’amis dans le milieu. Qui
n’a pas fait d’études. De cette dernière
révélation, on n’est guère étonné puisque ses
chroniques ne dépassent pas le niveau CE1 dans le
maniement de
l’argumentation : « J’aime/J’aime
pas ».
Il a raison, Michel. Le jazz souffre de trop de
spécialistes, de gens qui savent faire la différence
(à l’oreille, ainsi qu’on
l’enseigne dans les facultés de musicologie)
entre la variétoche qui zingue et le jazz qui
swingue ! Rejoignons le mouvement
bediniste : « Pour une critique sans
compétence et fière de l’être et qui se gène
pas pour donner son avis ! » Prochaine
réunion au café du commerce ou dans Jazz Hot n°
636.