The Eddie Metz Jr Trio

Vente en ligne sur
www.arborsrecords.com
Le titre de l’album est particulièrement
bien
choisi, et reflète en
tout point la personnalité des deux principaux
protagonistes, E. Metz lui-même et Rossano
Sportiello, le fantastique pianiste du trio. Le
premier mot qui vient à l’esprit, à
l’écoute de cette galette, est perfection,
suivi de feeling et swing, et la présence à leurs
côtés de la bassiste Nicki Parrott, d’origine
australienne, selon mes sources, ne perturbe en rien
cet ordre des choses. Elle achève de séduire
l’auditeur par un vocal d’une très chaude
sensualité dans une composition de Burt
Bacharach : One Les Bell To Answer, et quelques
chorus de basse bien plus qu’honorables.
L’utilisation de ce répertoire vous laissera
judicieusement penser que ces musiciens sont
dépourvus de tout sectarisme. A côté de standards
confirmés, on trouvera des compositions de Stevie
Wonder, Steely Dan ou Gino Vannelli, pour une sorte
de cousinage avec Pink Turtle. Mais, comme j’ai
pu le constater, saxophone en main, à Bréda, il y a
quelques années, ces garçons sont pétris
d’histoire du jazz autant que de technique, et
savent propulser un soliste bien au-delà de ses
performances habituelles, grâce à leur fabuleuse
science du swing. Les deux heureux élus (cobayes,
invités, partenaires etc.) pour l’occasion,
eux-mêmes extrêmement méritants, sont le sax ténor
Harry Allen et le tromboniste John Allred. Allen
évoque Ben Webster, Stan Getz, Paul Gonsalves, voire
le phrasé de Gerry Mulligan ; Allred, le bien
nommé, virtuose à la mise en place impeccable, bluesy
en diable, évoque seulement le top niveau en matière
de trombone mainstream, et l’on peut aisément
deviner que son talent ne doit pas s’arrêter
là. L’ensemble du CD reste fidèle à
l’esprit d’un concert en club, permettant
au leader de nous faire déguster son incroyable sens
de l’accompagnement, notamment aux balais, qui
fait rêver n’importe quel soliste. Quant à
Rossano, son toucher, sa pertinence, son feeling, sa
discrétion, sa mise en place, bref, tout
m’enchante chez lui au plus haut point :
vite, un kilo de cerises pour ces magiciens !
Daniel Huck
(Jazz Classique
n°55)