Rocky Gresset

Gresset
Dreyfus Jazz FDM 46050 369422. The Way You Look Tonight - Blue Skies - My Foolish Heart - Jingles - Dream Of You - Looking Up - Just One Of Those Things - Ballade pour Rose - Polka Dots And Moonbeams - Darn That Dream - Webster - Time On My Hands - Pour toi. Durée : 50’06.

D’étonnants guitaristes, voltigeurs des cordes, le jazz manouche actuel en regorge. Des voix singulières, qui se font une place dans cette famille, la chose est plus rare... Rocky Gresset, la trentaine, appartient à cette dernière catégorie : une personnalité, un son tout en nuances, une certaine douceur dans le toucher et un sens subtil de la mélodie dans les improvisations. Pour son premier disque sous son nom (il était de l’aventure Selmer 607), il n’a pas joué la carte de l’hommage ou de l’exhibition. Rocky Gresset s’est contenté d’être lui-même (bonne idée !) et l’apparente hétérogénéité du répertoire (Reinhardt, Montgomery, Petrucciani, etc.) n’entraîne aucunement le guitariste dans un jeu à géométrie variable. A peine le style se fait-il plus suave, plus feutré, quand Rocky passe de l’acoustique à l’électrique... Quand il interprète un thème (prenez au hasard Time On My Hands), il n’aligne pas les plans que sa technique et sa culture lui permettraient sûrement de jouer sans effort : à ce bavardage d’instrumentiste triste, il préfère les atmosphères, les mélodies et la nuance... Ce n’est pas non plus la facilité qui a guidé le choix des titres, standards peu joués dans le jazz manouche ou compositions personnelles en forme de ballades. A ses côtés, des noms désormais bien connus assurent efficacement le drôle de travail, humble et indispensable, d’accompagnateurs dans un disque de jazz manouche : Diégo Imbert ou Jérémie Arranger à la contrebasse, Mathieu Chatelain à la guitare rythmique. Quant à la deuxième voix soliste, elle sort du violon de Costel Nitescu, qui n’apporte pas un véritable contraste avec la guitare de Rocky Gresset mais dialogue avec le même accent et travaille la délicatesse du bout d’un archet émule de Grappelli.
Un disque intime, pourrait-on dire, dans le vrai sens du terme : personnel et profond.

Dominique Périchon
(Jazz Classique n°58)