Steeve Laffont

Laffont
Swing For Jess. Le Chant du Monde CDM 144. Swing for Jess - Mano - Old Man River - Meggie Style - Oh Samba Lec - Speevy - Hunn, O Pani Neschella - Billet doux - Libertango - Djazz - R-Vingt-Six - Ain’t Misbehavin’ - I’ll Remember April. Durée : 53’00.

Avec Steeve Laffont (“Latchès“ en 2008), le jazz manouche s’exprime dans ce qu’il a de plus énergique et de plus vivant. Son coup de poignet ferme et précis, la façon dont il accentue ses phrases ou encore la construction de ses chorus, tout concourt à faire de la musique de ce guitariste (né en 1975) un beau moment de joie ou de mélancolie selon les thèmes. Et la musique qu’il compose ou improvise semble alors tomber sous le sens, comme évidente. Mais on sait que rien n’est évident en matière de guitare manouche et que tout ce qui paraît simple nécessite beaucoup de talent (et de travail). Quelle que soit l’atmosphère, Steeve Laffont fait joliment sonner ses six cordes et, si le tempo s’accélère (Old Man River par exemple), ce musicien n’y voit pas l’occasion de montrer qu’il joue plus vite que son ombre mais fait “monter la sauce“, joue des roulements qui ne roulent pas des mécaniques et fait swinguer l’enthousiasme, non sans humour d’ailleurs... Comme le jazz manouche est toujours une histoire de famille, Steeve Laffont, dont la famille est originaire du Piémont, s’est entouré de ses cousins : Rudy Rabuffetti, guitariste et luthier, et le bien connu Serge Oustiakine à la contrebasse. Un entourage familier qui fonctionne bien. L’invité de rigueur est le violoniste Costel Nitescu, sur la majorité des titres, dont l’invention mélodique cousine elle aussi avec le style du guitariste.
Au jeu des rapprochements, c’est sans doute à la branche Moreno,Tchavolo, Tchan Tchou que l’on pensera le plus en écoutant Steeve Laffont, cette façon de s’inscrire dans une tradition, de jouer sans se poser d’autres questions que celle de la musique qui se joue, là, à l’instant présent.

Dominique Périchon
(Jazz Classique n°58)